MOYEN-ORIENT
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Flottille Soumoud: Israël multiplie menaces et campagnes de discrédit
Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Ben-Gvir, veut traiter les volontaires de la flottille Soumoud comme des “terroristes”. Le dernier épisode d’un narratif qui veut discréditer toute tentative pour briser le blocus sur Gaza.
Flottille Soumoud: Israël multiplie menaces et campagnes de discrédit
La Flottille a commencé son périple en Espagne, d'autres bateaux vont la rejoindre depuis la Tunisie ou l'Italie / EFE
3 septembre 2025

Alors que la Flottille de la résilience (soumoud) a quitté Barcelone et devrait rassembler une quarantaine de bateaux venus de Sicile ou de Tunisie, Ben-Gvir a présenté son projet dimanche lors d’une réunion destinée à trouver des mesures pour empêcher la flottille d'atteindre les quelque deux millions de personnes piégées et affamées à Gaza.

La réunion a connu la participation du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ses ministres à la Défense Israël Katz, aux Affaires étrangères Gideon Saar et aux Affaires stratégiques Ron Dermer.

Comme de coutume, le ministre d’extrême droite défend une ligne dure. Selon la suggestion de Ben-Gvir, tous les volontaires arrêtés alors qu'ils tentaient d'apporter de la nourriture et de l'aide à Gaza seront détenus dans les prisons israéliennes de Ketziot et Damon, qui sont utilisées pour détenir des “terroristes” dans des conditions strictes généralement réservées aux prisonniers sécuritaires.

“Nous ne permettrons pas aux personnes qui soutiennent le terrorisme de vivre dans le confort. Elles devront assumer toutes les conséquences de leurs actes”, a déclaré Ben-Gvir, qui a été condamné en 2007 pour incitation au terrorisme.

Les volontaires qui seront interceptés seront privés de radio, télévision et de certains types de nourriture, a-t-il détaillé.

Selon le ministre, la Flottille Soumoud vise à contrecarrer la “souveraineté d’Israël “et “soutient le Hamas”. Pour rappel, les bateaux en route pour Gaza contiennent de la nourriture et des médicaments, les volontaires ont clairement indiqué être des civils avec pour seul but d'aider la population de Gaza.

Un narratif israélien mensonger

Lors de la tentative à laquelle a participé Rima Hassan, l’eurodéputée française qui était sur le Madleen, un petit voilier arraisonné en juin dernier, les voix pro-israéliennes françaises se moquaient de la “croisière s’amuse” et sous-entendait qu’il s’agissait juste d’une mission de communication au bénéfice de la jeune élue de la France Insoumise. 

Après l’arrestation des militants, l’ambassadeur israélien à Paris va jusqu’à affirmer que le bateau a été stoppé par l’armée israélienne dans les eaux israéliennes.
Géographiquement difficile à réaliser quand un voilier longe la côte égyptienne pour atteindre le sud de Gaza, ou alors le diplomate considère déjà les eaux de Gaza comme des eaux appartenant à Israël. 

Autre exemple récent de ce narratif, le 12 juin, les participants à la marche internationale pour Gaza arrivent au Caire en Egypte pour tenter de rejoindre le sud de l’enclave et demander l’entrée de l’aide humanitaire. Les autorités égyptiennes ont mis cette opération à mal en refusant l’autorisation de traverser la zone militaire qui précède la frontière avec Gaza, et en arrêtant des centaines de personnes.

Le gouvernement israélien fait pression sur l’Egypte et brandit la menace du chaos terroriste. “J'attends des autorités égyptiennes qu'elles empêchent l'arrivée de manifestants (...) à la frontière israélo-égyptienne et qu'elles ne les autorisent pas à se livrer à des provocations ou à tenter d'entrer dans la bande de Gaza”, a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israël Katz dans un communiqué.

Le narratif est toujours le même, toute initiative pro-palestinienne est assimilée à du terrorisme. Dans la même logique, en France, toute déclaration pro-palestinienne est assimilée à de l’antisémitisme et à un soutien au terrorisme.

En RelationTRT Global - Gaza: pourquoi l’interception du Madleen est-elle illégale ?

Est-ce illégal de briser un embargo ?
Autre constante dans le narratif israélien, Tel Aviv a le droit d’imposer un blocus total sur Gaza au nom “du droit d’Israël à se défendre” et pour assurer sa sécurité. 

Selon les organisateurs de la Flottille, cet embargo imposé depuis des décennies (2007) ne se justifie plus au regard du droit international humanitaire car un embargo est légal si c’est une mesure temporaire. Ils rappellent également qu’il est illégal de ne pas distribuer de l’aide aux populations civiles durant un conflit et qu’il est urgent d’intervenir auprès d’une population où la famine tue chaque jour.

Les volontaires qui ont participé aux précédentes flottilles en juin et juillet 2025 ont été arrêtés dans les eaux internationales, emmenés en Israël et incarcérés. 

Ils ont été libérés quelques jours plus tard après avoir, pour certains, signé un document stipulant qu’ils étaient entrés illégalement en Israël, ce qui est inexact. Ils ont également été interdits de séjour en Israël.


SOURCE:TRT français et agences