La France insoumise (LFI) accuse la commission d’enquête parlementaire présidée par Les Républicains (LR) de relayer un discours stigmatisant à l’égard des citoyens de confession musulmane, et d’avoir transformé ses travaux en "commission d’inquisition politique".
Dans un livret de contribution publié cette semaine, le groupe parlementaire présidé par Mathilde Panot rejette la légitimité des accusations visant son mouvement et dénonce une opération politique.
Créée pour enquêter sur d’éventuels liens entre partis politiques et "organisations ou réseaux propageant l’idéologie islamiste", cette commission a été vivement critiquée dès sa mise en place pour son absence de pluralisme. Le groupe LFI y souligne que ses demandes d’audition ont été systématiquement rejetées, alors même qu’il souhaitait interroger sur d'autres cas : l’approvisionnement en armes du terroriste Amedy Coulibaly par un ancien cadre du Rassemblement National, ou les relations entre Lafarge et Daesh, négociées en Syrie par un ancien candidat FN.
"Cette commission n’avait qu’un seul objectif : devenir une commission d’inquisition politique à notre encontre", dénonce Mathilde Panot dans l’avant-propos du livret. LFI assure que toutes les auditions des services de renseignement ont écarté tout lien entre son mouvement et des réseaux terroristes. À l’inverse, certains responsables auditionnés auraient alerté sur les risques posés par des groupuscules d’extrême droite.
Le document rappelle que le chef de file des députés LR, Laurent Wauquiez, à l’initiative de cette commission, n’était même pas présent lors de l’audition très suivie de Jean-Luc Mélenchon, diffusée en direct à la télévision et sur les réseaux sociaux.
Lors de cette audition, le fondateur de LFI a mis en garde contre "les fantasmes islamophobes qui dominent le débat public" et a dénoncé un climat de stigmatisation visant les citoyens musulmans, notamment les femmes. Il a souligné que ces dérives se justifiaient souvent abusivement au nom de la laïcité, plaidant pour un retour à une lecture universaliste de la loi de 1905.
Mélenchon a également critiqué la dissolution, en 2020, du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qu’il considère comme un signal inquiétant d’une criminalisation de l’antiracisme musulman. Il a rappelé que, jusqu’ici, aucune preuve n’avait été avancée établissant un lien entre LFI et des "islamistes".
Explosion de l’islamophobie
Selon le ministère de l’Intérieur, 145 actes antimusulmans ont été recensés sur les cinq premiers mois de l’année 2025, contre 83 sur la même période en 2024, soit une hausse de 75 %. En 2023, 232 actes avaient été comptabilisés, contre 188 en 2022 et 132 en 2021.
Le Collectif contre l’islamophobie en Europe (CCIE) indique, pour sa part, avoir recensé 1 037 faits islamophobes en 2024 (discriminations, violences, discours haineux), contre 828 en 2023, une progression de 25 %.
Le rapport 2024 de la Défenseure des droits indique, de son côté, qu’un tiers des personnes se déclarant musulmanes — ou perçues comme telles — disent avoir subi des discriminations, notamment dans l’emploi, les services publics et le logement, avec un recours aux voies de plainte très minoritaire.

















