Le président sierra-léonais Julius Maada Bio, président en exercice de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), a discuté, lundi, avec les nouvelles autorités de Guinée Bissau, issues du coup d'Etat.
Au menu figurent notamment la restauration de l’ordre constitutionnel, la publication des résultats électoraux et la libération des responsables politiques arrêtés, dans la foulée du coup d’État qui a renversé le président Umaro Sissoco Embaló.
Le 26 novembre, veille de l'annonce prévue des résultats des élections présidentielle et législatives dans ce pays lusophone d'Afrique de l'Ouest, des militaires conduits par le général Horta N'Tam ont renversé le président sortant Embalo et suspendu le processus électoral en cours.
"Nous avons eu des discussions productives, les deux parties ont exprimé leurs inquiétudes", a déclaré à la presse, à l'issue de la rencontre avec le gouvernement de transition, Aladji Moussa Timothy Travers, ministre des Affaires étrangères de Sierra Leone, dont le président Julius Maada Bio dirigeait la délégation de l'organisation régionale ouest-africaine.
Condamnation du coup d’État
La délégation a "condamné le coup d'État et demandé le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel, ce qui implique notamment de permettre au processus électoral d'aboutir à sa conclusion logique", a ajouté M. Kabba.
Président en exercice de la Cédéao, Julius Maada Bio, a indiqué sur X son "soutien inconditionnel au rétablissement de l'ordre constitutionnel". Depuis le putsch, la Cédéao a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels".
Justifications du coup de force
Les militaires avaient invoqué la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue" pour justifier leur prise de pouvoir. Le général Horta N'Tam, un proche de M. Embalo, a formé, samedi, un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils. Les portefeuilles clés comme la Défense, l’Intérieur ou la Santé reviennent néanmoins aux militaires.
Selon le ministre bissau-guinéen des Affaires étrangères, João Bernardo Vieira récemment nommé, les autorités militaires ont proposé une transition d’un an. La Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la Cédéao prévue le 14 décembre se prononcera. “En fonction de cette décision, nous saurons comment procéder”, a précisé le ministre.
Au sujet de l’élection du 23 novembre, interrompue par le putsch, M. Vieira a précisé que la délégation de la Cédéao devait rencontrer la Commission nationale électorale (CNE) lundi afin d’obtenir “les données réelles du processus électoral”.
“Les Guinéens pourront enfin savoir qui a remporté les élections”, a-t-il dit.
Il a également souligné l’engagement des nouvelles autorités “pour le retour à l’ordre constitutionnel, la publication des résultats et la libération des détenus”.
Interrogé sur la demande de divulgation immédiate des résultats, le ministre a expliqué que la Cédéao attend l’avis de la CNE avant de se prononcer. Il a confirmé que la libération des responsables politiques arrêtés constitue une exigence forte de l’organisation régionale.
Serveur vandalisé
Pour autant, ce mardi la Commission nationale électorale (CNE) a fait part de son incapacité à rendre public les résultats de la présidentielle. Elle a révélé que le 26 novembre dernier, des hommes armés et cagoulés ont confisqué tous les procès-verbaux de dépouillement et emporté le serveur informatique contenant le logiciel central.”Un groupe d’hommes armés et cagoulés a envahi les installations de la CNE vers 10 heures, ayant confisqué les téléphones portables de toutes les personnes présentes sur place “, a expliqué le secrétaire exécutif adjoint de la CNE, Idriça Djalo.
“Les envahisseurs, en plus de s’emparer des objets personnels appartenant aux présents – téléphones portables, ordinateurs portables, portefeuilles et argent – ont complètement vandalisé les installations de la CNE”, a déploré M. Djalo, soulignant que les assaillants ont emporté “des documents, des ordinateurs de bureau, des équipements accessoires et les procès-verbaux présents à ce moment-là, les procès-verbaux de dépouillement régional, les originaux”. Voilà qui contredit les assurances du ministre des Affaires étrangères, remet en cause tout le processus électoral et met la Cedeao devant un dilemme.
La crédibilité de la cédéao
L’organisation ouest-africaine joue sa crédibilité. On l’avait vue active lors du coup d’État au Niger. Elle menaçait d’intervenir militairement pour réinstaller l’ex- président Mohamed Bazoum.
Cette fois, elle n’exclut pas d’utiliser la force pour parvenir à ses fins. Le Conseil de médiation et de sécurité se “réserve le droit d’utiliser les options prévues par le protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance et le protocole additionnel de 2012 sur les sanctions” notamment.
Par ailleurs, le gouvernement fédéral du Nigeria a décidé "d'accorder l'asile politique et de fournir protection à Fernando Dias Da Costa", selon le porte-parole du ministère nigérian des Affaires étrangères Alkasim Abdulkadir.
L’opposant qui a fui la Guinée Bissau pour sa sécurité, avait affirmé le même jour avoir remporté la présidentielle, accusant M. Embalo d'avoir "organisé" le putsch ayant interrompu le processus électoral et porté des militaires au pouvoir.
La Cédéao a suspendu la Guinée-Bissau de tous les organes décisionnels.
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