AFRIQUE
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Guinée-Bissau : des militaires ont annoncé avoir pris le "contrôle total du pays"
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé avoir pris le "contrôle total du pays" et suspendu le processus électoral, alors que le pays était dans l'attente des résultats des élections présidentielle et législatives organisées dimanche.
Guinée-Bissau : des militaires ont annoncé avoir pris le "contrôle total du pays"
Des militaires en Guinée-Bissau ont annoncé mercredi avoir pris le "contrôle total du pays"
il y a 19 heures

À la mi-journée, des tirs ont été entendus près du palais présidentiel et des hommes en tenues militaires ont investi la principale artère menant vers le bâtiment, dans ce pays d'Afrique de l'Ouest qui a déjà connu quatre coups d'État et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance.

En début d'après-midi, le général Denis N'Canha, chef de la maison militaire de la présidence, assis derrière une table et entouré de militaires armés, a annoncé à la presse au siège de l'état-major, qu'un "Haut commandement pour la restauration de l'ordre, composé de toutes les branches de l'armée" prenait "la direction du pays jusqu'à nouvel ordre".

"Ce qui nous a poussé à le faire c'est pour garantir la sécurité au niveau national et également rétablir l'ordre", a ajouté le général, évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue". 

Les renseignements généraux "ont confirmé l'introduction d'armes dans le pays pour changer l'ordre constitutionnel", a-t-il ajouté.

Suspension des élections et fermeture des frontières

Le général a également annoncé la suspension de "tout le processus électoral", la fermeture des frontières "terrestres, aériennes et maritimes" et l'instauration d'un "couvre-feu obligatoire". 

"L'exercice du pouvoir du commandement commence à partir d'aujourd’hui. Le commandement appelle la population au calme", a-t-il ajouté.

Dans les rues de la capitale Bissau, quelques rares passants étaient visibles en fin d'après-midi et un calme précaire régnait. À la mi-journée, des centaines de personnes à pied ou dans des véhicules avaient fui la zone du palais présidentiel pour se mettre à l'abri tandis que des tirs nourris avaient retenti à plusieurs reprises.

Le président sortant Umaro Sissoco Embalo, qui était donné favori lors de cette élection, se trouverait dans un bâtiment derrière l'état-major, "avec le chef d'état-major et le ministre de l'Intérieur", a précisé cet officier supérieur sous couvert d'anonymat. Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer si le président avait été arrêté.

La Commission nationale des élections (CNE) a été attaquée par des hommes armés non identifiés mercredi, a indiqué à l'AFP Abdourahmane Djalo, responsable de la communication de la commission.

Mardi, le camp de M. Embalo et celui du candidat de l'opposition Fernando Dias de Costa avaient chacun revendiqué la victoire à la présidentielle, alors que les résultats provisoires officiels de ces élections n'étaient attendus que jeudi.

La présidentielle, qui s'était déroulée dans le calme dimanche, avait eu lieu sans le principal parti d'opposition, le PAIGC, et son candidat, Domingoes Simoes Pereira. Le PAIGC, parti historique ayant mené le pays à l’indépendance par les armes en 1974, a été exclu - également pour un dossier trop tardif - des législatives, visant à élire les 102 députés du Parlement. L'opposition avait qualifié de "manipulation" l'exclusion du PAIGC des scrutins présidentiel et législatifs.

Avec près de 40% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, la Guinée-Bissau figure parmi les pays les plus pauvres au monde.  Elle est réputée être une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe, à la faveur de l'instabilité politique.

SOURCE:TRT français et agences