AFRIQUE
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Mali: l’opinion s’indigne de la “glorification du terrorisme” par Le Monde
L’opinion publique au Mali est indignée par ce qu’elle considère comme la “glorification” et “l’humanisation” du terrorisme au Mali par le journal Le Monde.
Mali: l’opinion s’indigne de la “glorification du terrorisme” par Le Monde
Des militaires maliens lors des exercices de tir au salon de la défense BAMEX'25, à Koulikoro, au Mali, le 13 novembre 2025. REUTERS/Francis Koko / Reuters
9 décembre 2025

“Le journal  "Le Monde" s’est-il ensablé au Sahel ?”. Le journal “Le Monde” est immonde”.

Entre réactions indignées et colère, une partie de l’opinion publique malienne et africaine est encore remontée par le journal Le Monde. En cause : la publication en ligne, du profil du dirigeant terroriste malien Iyad Ag Ghali par Le Monde Afrique, la déclinaison africaine de ce quotidien.

“Je ne savais pas qu’un jour en France, un journal allait se consacrer à produire toute une bande dessinée pour promouvoir tout un chef terroriste. En vue de le présenter comme un héros politique, porteur d’un grand projet politique, d'édification de l’histoire africaine”, s'étonne, scandalisé, le militant panafricaniste et philosophe Franklin Nyamsi  dans un enregistrement publié sur sa page facebook.

De son point de vue, il ne fait aucun doute que Le Monde Afrique a pris fait et cause pour le leader terroriste. “Même si la ligne éditoriale est dictée par les néo-colonialistes, je m’attendais à un peu plus de sophistication, à un peu plus de dissimulation, de complexité et de pudeur”, renchérit-il, médusé.

“Consacrer une page entière à glorifier ou “humaniser” un homme comme Iyad Ag Ghaly, responsable de tant de souffrances au Sahel, relève d’une dérive éthique grave. Ce n’est pas de l’information, c’est une banalisation de la terreur”, dénonce le citoyen Ousmane Touré dans une tribune devenue virale sur les réseaux sociaux et des médias maliens. 

“Cette légitimation médiatique d'une figure terroriste est un mépris des victimes sahéliennes. C’est sans doute une manipulation des récits pour servir des intérêts géopolitiques, mais aussi et surtout, affaiblir la résistance lucide des peuples du Sahel et de l’AES”, ajoute-il. 

Très critique de la politique française en Afrique et dans le collimateur d’Emmanuel Macron et des autorités françaises en général, Franklin Nyamsi interpelle la conscience du public français. “Imaginez que les journaux sénégalais, ivoiriens, camerounais, etc se mettent à dessiner sous forme de bandes dessinées les massacres des Francais à Paris. Ne seriez-vous pas choqués ?, ”interroge-t-il ajoutant qu’avec un tel profil : “Même Mohamed Merah (terroriste auteur d’une tuerie à Toulouse en 2012), passerait pour un élève maladroit à côté d’un tel bourreau. Et pourtant, Le Monde, dans une démarche qui choque autant qu’elle indigne, lui consacre une mise en récit aussi dérangeante que déplacée”. 

 “Imaginez, poursuit-il, qu’on se mette à valoriser les chefs terroristes qui ont ensanglanté la France. Qu’on leur accorde la Une de plusieurs journaux français. Il est temps de ne plus se cacher derrière une pseudo-ignorance, de ce qui est fait contre les Français en votre nom”, insiste-t-il.

Le prétexte de la liberté d’expression

Pour Ousmane Touré, c’est la disqualification de l’Afrique qui est en jeu, sous prétexte de liberté d’expression. “La liberté d’expression ne peut plus servir de prétexte à une entreprise systématique de disqualification des modèles africains, s'indigne-t-il. Elle ne saurait justifier que des journalistes confortablement installés dans des rédactions parisiennes, éloignés des réalités africaines, se permettent de caricaturer ce qu’ils ne comprennent pas ou refusent de comprendre”.

Parlant du cas spécifique du Mali, il interpelle la conscience des journalistes du Monde Afrique. ”Aucun pays digne n’accepterait qu’un terroriste, aussi sanguinaire qu’Iyad Ag Ghaly, soit mis en scène comme un personnage de bande dessinée, auréolé d’un vernis romancé, alors même que ses mains sont trempées dans le sang d’innocents”. 

Au demeurant, Ousmane Touré rappelle que le continent s’approprie déjà les clés de son propre narratif. “Le Monde doit impérativement savoir que l’Afrique ne se racontera plus à travers les filtres d’héritages coloniaux”, met-il en garde.

Pour prévenir une telle “dérive”, Franklin Nyamsi interpelle la justice des pays de l’AES. “C’est de la responsabilité de la justice au Mali, au Burkina Faso et au Niger, de condamner Le Monde”, tranche sentencieux, le leader panafricaniste.

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SOURCE:TRT Français