La chambre basse a adopté le projet de loi qui contient la suspension de l'emblématique réforme des retraites de 2023, par 247 voix contre 234, emblématique du second mandat du président Emmanuel Macron.
Le texte doit maintenant passer à nouveau devant les sénateurs (chambre haute) vendredi avant de revenir devant les députés pour un vote final.
Le suspens n’est donc pas terminé, tant les députés sont divisés entre Horizons d'Édouard Philippe et les écologistes qui se sont abstenus, et face à eux, le camp de la droite dure qui a massivement rejeté le texte. Ils refusent de soutenir un texte qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche.
Le gouvernement de centre-droit de Sébastien Lecornu a aussi multiplié les gestes ces derniers jours pour obtenir la clémence des écologistes qui ont finalement annoncé s'abstenir peu avant le scrutin. La suspension de la réforme des retraites a tout de même permis d’assurer le vote des socialistes.Outre les socialistes, Renaissance (majorité présidentielle), le MoDem (centre), et le groupe indépendant Liot ont voté majoritairement pour le texte. La France insoumise (LFI, gauche radicale), le groupe communiste et l'alliance entre le Rassemblement national (RN, extrême droite) et l'UDR (droite) se sont opposés au texte.
Lecornu sauve sa tête
Pour l'Assemblée, qui fonctionne sans majorité absolue depuis 2022, il s'agit d'une étape dont beaucoup doutaient qu'elle puisse être franchie, alors que l'examen s'est fait dans des délais contraints et un hémicycle ultra-fragmenté.
"Évidemment, ce budget n'est pas parfait, mais un budget parfait en pareille circonstance ne peut exister. C'est un compromis réaliste", a estimé le député Renaissance Pierre Cazeneuve.
Au gouvernement, on considère que l'adoption du budget de la "Sécu" pourrait entraîner une dynamique positive pour le budget de l'État, actuellement examiné au Sénat et sur lequel députés et sénateurs devront ensuite tenter de s'entendre lors d'une commission mixte paritaire.
La méthode Lecornu est en tout cas saluée. Sa méthode de l’écoute et des concessions a, semble-t-il, marché. Plusieurs ténors de son camp l'avaient pourtant pressé d'activer l'article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure.
Que contient le budget voté ?
Le projet de loi adopté mardi contient la suspension de la réforme des retraites, concédée par le gouvernement pour s'assurer la non-censure des socialistes ainsi que la hausse de la contribution sociale généralisée (CSG) sur le capital, taxe finançant la protection sociale prélevée par exemple sur les dividendes.
Le gel des retraites et des minima sociaux n'y figure plus, après l'opposition d'une large majorité de l'hémicycle. Si le texte est définitivement adopté, le déficit de la Sécurité sociale prévu l'année prochaine est estimé à 19,4 milliards d'euros, selon la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin.















