MOYEN-ORIENT
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Véto américain à l'ONU: l’Algérie avertit contre un "troisième échec" après le Rwanda et la Bosnie
L’ambassadeur de l’Algérie à l’ONU, Amar Bendjama, a averti que le Conseil de sécurité risquait de répéter ses échecs passés à prévenir des génocides, après que les États-Unis ont opposé leur véto à une résolution exigeant un cessez-le-feu à Gaza.
Véto américain à l'ONU: l’Algérie avertit contre un "troisième échec" après le Rwanda et la Bosnie
"Pardonnez-nous, car le monde parle de droits mais vous les refuse. Israël tue chaque jour, et rien ne se passe” a déploré Bendjama. / AFP
19 septembre 2025

Ouvrant son intervention par des excuses adressées aux Palestiniens, “pardonnez-nous, car le monde parle de droits mais vous les refuse. Israël tue chaque jour, et rien ne se passe” a déploré Bendjama.

Évoquant le Rwanda en 1994 et la Bosnie en 1995, il a ajouté : “Ce Conseil a déjà échoué deux fois à prévenir un génocide. Aujourd’hui, nous sommes au bord d’un troisième échec. Et en ce moment, il ne peut y avoir d’ambiguïté : soit nous agissons pour arrêter le génocide, soit nous faisons partie de ceux qui en sont complices”.

L’envoyé pakistanais, Asim Iftikhar Ahmad, a dénoncé le véto qui “a bloqué une action face à une catastrophe humanitaire en cours”. Selon lui, il s’agissait d’”une occasion d’agir face à une brutalité, une dévastation et un déplacement de masse sans précédent à Gaza”, mais le droit de véto “porte une lourde responsabilité”.

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“Un symbole tragique”

Pour sa part, l’ambassadeur russe, Vassily Nebenzia, a qualifié le véto de “symbole tragique”. Il a accusé Washington de paralyser la diplomatie : “Tant que les États-Unis ne changeront pas la grille de lecture par laquelle ils considèrent la crise à Gaza… le Conseil de sécurité restera simple spectateur de la catastrophe”.

Pour l’’envoyé palestinien, Riyad Mansour, qui a également dénoncé le véto américain, rappelant, la résolution représente “le strict minimum qu’exigent l’humanité, la légalité et la morale”.



Son rejet a laissé les Palestiniens sans protection, a-t-il déploré avant de déclarer : “Il est profondément regrettable et douloureux qu’elle ait été bloquée, empêchant le Conseil de jouer son rôle face à ces atrocités et de protéger les civils face au génocide”.

Appelant à un arrêt immédiat du génocide, Mansour a affirmé : “La violence est une impasse. Un cessez-le-feu sauve des vies, palestiniennes et israéliennes, otages et prisonniers”

Il a mis en garde contre une “compassion sélective”, dénonçant ceux qui “voient partiellement la souffrance d’un peuple mais ignorent les montagnes de souffrances du peuple palestinien”.

“Oui, un génocide”

La représentante du Guyana, Carolyn Rodrigues-Birkett, a également dénoncé le génocide : “Le résultat de cette impunité, c’est la perpétration en cours d’un génocide. Oui, un génocide”.

Elle a évoqué les constats de la Commission internationale indépendante d’enquête de l’ONU, citant “déplacement, destruction, maladie, mort” comme les “fruits sordides que produit l’impunité à Gaza”.

L’envoyé chinois, Fu Cong, a fait part de la “profonde déception” de Pékin face au véto américain, ajoutant : “Nous ne pouvons nous empêcher de demander combien de vies innocentes devront encore être perdues avant qu’un cessez-le-feu ne soit obtenu à Gaza”.

L’ambassadrice danoise, Christina Markus Lassen, a souligné que son vote représentait “un vote pour la paix… un vote pour un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent”.

“Un encouragement à l’occupation”

La présidence palestinienne a exprimé sa “consternation” face au véto américain. Le porte-parole, Nabil Abu Rudeineh, a estimé que la résolution “appelait explicitement à un cessez-le-feu et à la fin du génocide commis par Israël contre le peuple palestinien”.

Il a averti que ce véto “encourage l’occupation israélienne à poursuivre ses crimes” et a exhorté Washington à “revoir sa décision pour préserver le droit international”.

Le projet de résolution, présenté par le Danemark au nom de dix membres élus, a exprimé sa “profonde préoccupation face à l’expansion des opérations militaires israéliennes à Gaza et à l’aggravation de la souffrance des civils”.

Il a également rejeté “toute tentative de changement démographique ou territorial” dans l’enclave.

Le véto américain constitue le sixième depuis octobre 2023, après ceux d’octobre et décembre 2023, février et novembre 2024, ainsi que juin 2025.

SOURCE:TRT français et agences