À Mamoudzou, la capitale de l’île, 90% de la commune a été touchée par le cyclone qui a lancé des vents jusqu’à 200 k/h sur l’archipel de l’Océan indien. Une cérémonie d'hommage aux victimes sera organisée dimanche pour les 40 morts de Mamoudzou, pour les disparus et pour les sinistrés, indique le maire de la commune, Ambdilwahedou Soumaila à TRT Français.
Le cyclone a causé 600 millions d’euros de dégâts dont 91 millions de dégâts sur les bâtiments de la commune. L’élu mahorais n’est même plus en colère. “Nous avons pensé que la solidarité nationale fonctionnerait, qu’il y aurait un accompagnement de notre gouvernement. Pourquoi à ce jour, l’État n’aide pas le territoire à se relever ? Nous vivons mal la situation, mais on continue à nous relever et à reconstruire”.
Les mots sont durs mais reflètent le désarroi de la population mahoraise.Malgré une loi d’urgence en février 2025 et une loi de refondation de Mayott en août 2025, la France n’envoie pas l’argent et les projets de reconstruction sont au point mort. Le maire a déposé pour 20 millions d’euros de factures à la Préfecture après des travaux sur les écoles et autres bâtiments de la commune. L’État a acté le remboursement de 3,6 millions d’euros mais à ce jour la commune de Mamoudzou n’a reçu que 140 000 euros. “On a fait un emprunt de 5 millions d’euros, on s’est endetté, on n’a pas eu le choix, il faut bien payer les entreprises,” se désole Ambdilwahedou Soumaila.

La reconstruction est au point mort
Le sénateur de Mayotte, Saïd Omar Oili, dresse un bilan sans concession de cette année écoulée. En août 2025, la France vote un budget de 4 milliards sur 6 ans pour reconstruire Mayotte, 100 millions d’euros devaient être débloqués en 2025 mais cet argent n’est pas arrivé ou seulement en partie.
Le sénateur pointe une paralysie administrative fondamentale: trois lois pour Mayotte ont été votées votées mais les décrets d’application, essentiels à leur mise en œuvre, ne sont pas signés. Dans une interview à Outre-mer la Première, le jeudi 11 décembre, la nouvelle ministre, réaffirme l’engagement de l’État à sanctuariser les 4 milliards d’euros promis pour la refondation du territoire et promet de débloquer plus rapidement le fonds d’amorçage de 100 millions d’euros.
“Je veux savoir ce qui bloque la reconstruction à Mayotte, c’est ce qu’elle dit dans cette interview donc elle reconnaît elle-même que la reconstruction ne se fait pas,” souligne le sénateur dans un entretien avec TRT Français. L’élu n’arrive pas à savoir combien d’argent a été réellement versé, il ne peut que constater une chose: les communes appellent à l’aide.
Mayotte méprisée par la France ?
“C’est simple, sur la loi organique aucun décret d’application n’a été signé, sur la loi d’urgence pour Mayotte du 24 février, seulement 5 décrets sur 23 ont été signés, heureusement qu’il y avait une urgence, voyez-vous. Sur la loi de refondation, 2 décrets signés sur 27. Donc effectivement, les gens attendent, il n’y a pas de sous.”
Le sénateur exprime son inquiétude, dans le projet de budget 2026 les sommes promises à Mayotte ne sont pas clairement indiquées. Après avoir insisté auprès de la commission des finances du Sénat, il assure avoir obtenu l'information du président de la Commission que les dotations en investissements pour Mayotte sont en baisse dans le projet de budget présenté par le Premier ministre Sébastien Lecornu et actuellement discuté par le Parlement. La somme indiquée n’est pas celle indiquée dans la loi de refondation de Mayotte.
Le sénateur de Mayotte déplore que les débris laissés par le cyclone n’aient toujours pas été évacués, que le seul hôpital de l’île demeure partiellement détruit et que la plupart des Mahorais vivent encore sous des bâches faute de pouvoir effectuer des travaux alors que la saison des pluies approche.
“On considère Mayotte uniquement comme une île stratégique, c’est une erreur de la France. Les Mahorais sont résignés mais en ont aussi ras le bol. On est délaissés. Un an après, le seul hôpital de l’île n’est même pas réparé. Pourquoi ce sont des ONG qui viennent en aide aux Mahorais et pas la France. Je continue de me battre à Paris mais on se bat contre des gens qui font semblant de ne pas comprendre.”
Les autorités françaises ont, c’est à souligner, été paralysées par la crise politique. Trois gouvernements se sont succédés en une année à la tête de la France avec à chaque gouvernement un nouveau ministre des Outre-mer : François-Noël Buffet, puis Manuel Valls et depuis le 12 octobre 2025, Naïma Moutchou.
















