Les alertes des Nations unies de décembre dernier, sur l’imminence de la famine à Gaza commencent à se vérifier sur le terrain.
Des dizaines d'enfants dans le nord de Gaza, ont bruyamment manifesté dans ce qui reste de rues dans l’enclave palestinienne, pour protester contre la pénurie de nourriture et d'eau due au siège imposé par l’armée israélienne.
"Je rêve de pain" et "Nous voulons de la nourriture", pouvait-on lire sur des banderoles portées par des manifestants.
"Nous mourons de faim, nous n'avons rien à manger, nous sommes obligés de manger de la nourriture pour animaux", a déclaré à l’agence de presse Anadolu Ayat Ashour, âgé de 10 ans.
"Nous mangeons un repas par jour, en quantité très limitée, qui se compose principalement d'eau et de concentré de tomates", a renchéri Omar avant de conclure : "Nous vivons des situations difficiles. Les pays arabes et le monde entier doivent nous soutenir".
Face aux multiples entraves imposées par l’armée israélienne, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a décidé de suspendre la distribution de nourriture dans le nord de la Bande de Gaza, jusqu'à l'amélioration des conditions de sécurité. Cette décision est d’autant plus préoccupante que les Palestiniens dépendent entièrement de l’aide internationale pour subvenir à leurs besoins vitaux.
De son côté, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient déplore les entraves à son action.
“Depuis le début de cette année jusqu’à aujourd’hui, les autorités israéliennes ont empêché 51% des missions prévues par l’UNRWA et ses partenaires dans le domaine humanitaire, de fournir de l’aide et mener des évaluations dans les zones du nord de Gaza”.
Du coup, “la malnutrition atteint un niveau sans précédent chez les enfants âgés de 4 à 6 ans”. Dans l'ensemble, elle avoisine 17% dans la bande de Gaza, un taux qui dépasse le seuil critique de 15% fixé par l'Organisation mondiale de la Santé.
"Les forces israéliennes bloquent délibérément l'acheminement de l'eau, de la nourriture et du carburant, tout en empêchant l'aide humanitaire, rasant les zones agricoles et privant la population civile d'objets indispensables à leur survie", s’insurge Human Rights Watch dans un communiqué.
L’organisme de défense des droits humains souligne les déclarations faites par des responsables israéliens de haut rang, dont le ministre de la Défense Yoav Gallant, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir et le ministre de l'Énergie, Israel Katz, concernant leur intention de "priver les civils à Gaza de nourriture, d'eau et de carburant", les qualifiant de "déclarations reflétant une politique exercée par les forces israéliennes”.
Crime de guerre
Le procureur de la CPI qui s’était rendu à Rafah en décembre dernier avait expliqué que le droit international humanitaire (ou les lois de la guerre) interdit d'affamer les civils comme méthode de guerre.
Karim Khan a expliqué en substance, que le statut de Rome instituant la Cour pénale internationale (CPI), stipule clairement que priver intentionnellement les civils de ressources vitales peut être assimilé à un crime de guerre.
"Je souhaite réitérer dans les termes les plus clairs possibles que le fait d'empêcher délibérément l'approvisionnement en secours aux civils peut constituer un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la CPI", a averti Karim Khan.
La faim qui se répand ainsi dans Gaza, affecte particulièrement les enfants, les femmes enceintes et allaitantes ainsi que les personnes âgées, s’alarment l’OMS et des organismes humanitaires comme ActionAid entre autres.