Des frappes israéliennes sur la bande de Gaza ont détruit des dizaines de batiments / Photo: AA  / Photo: AA Archive (AA Archive)

M. Blinken, qui a entamé lundi en Arabie saoudite cette cinquième tournée régionale depuis le début de la guerre, fait route ce mardi matin vers l'Egypte, puis gagnera en fin de journée le Qatar, deux pays médiateurs, avant de se rendre en Israël et en Cisjordanie occupée.

Pourtant, le Sénat américain a dévoilé dimanche un projet de loi bipartite de 118 milliards de dollars prévoyant le financement de dispositions de sécurité au profit d’Israël. Le texte bipartite prévoit aussi 60 milliards de dollars d'aide supplémentaire à l'Ukraine, dont la guerre face à la Russie approche de son deuxième anniversaire, et 14,1 milliards d'aide sécuritaire à Israël. Dix milliards de dollars seront aussi destinés à l'aide humanitaire pour les civils de Gaza, de Cisjordanie occupée et d'Ukraine.

Avant lui, le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, s'est entretenu lundi avec des responsables israéliens et palestiniens dans l'espoir de favoriser une trêve, voire "un règlement politique global".

En marge de ces tractations diplomatiques, les raids se poursuivent à Gaza, où le ministère de la Santé de Gaza a fait état de 99 morts entre lundi soir et mardi matin, et de frappes aériennes et de tirs d'artillerie dans les secteurs de Rafah et Khan Yunis.

"Allons-nous mourir ?"

Au cours des 24 dernières heures, des frappes ont aussi visé Rafah, à l'extrême sud du territoire, une ville qui comptait 270.000 habitants avant la guerre, mais où s'entassent à présent, dans des conditions désespérées, plus de 1,3 million de personnes ayant fui les combats, selon l'ONU.

"Aucun endroit n'est sûr, aucun endroit du tout, où allons-nous aller ? Que ferons-nous ? Allons-nous mourir ? Si nous sommes censés vivre, où irons-nous ?", soupire à Rafah, Mohamad Kozaat dans une déclaration à l’AFP, déplacé par les combats au nord mais dont six proches, y compris sa fille, ont été blessés dans des raids au sud.

"Nous étions assis ici, heureux avec les enfants, et tout à coup, nous avons entendu le bruit des bombardements. Tout le toit est tombé sur nous (...) j'ai commencé à chercher mes enfants, mes frères et sœurs et mes neveux. Je ne voyais aucun d'entre eux, la poussière nous couvrait les yeux, j'ai découvert que ma fille était blessée", a-t-il ajouté.

Pour rappel, l’armée israélienne a tué 27.478 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza.

La trêve et au-delà

Fin novembre 2023, une première trêve avait permis une pause d'une semaine dans les combats, l'entrée supplémentaire d'aide, les libérations d'une centaine d'otages, sur les quelque 250 à Gaza, et de prisonniers palestiniens.

Au cours de sa nouvelle tournée dans la région, M. Blinken soutient le projet des médiateurs qataris, américains et égyptiens élaboré à Paris fin janvier et qui doit encore être approuvé par le Hamas et Israël.

Selon une source du Hamas, la proposition prévoit une trêve de six semaines durant laquelle Israël devra libérer de 200 à 300 prisonniers palestiniens en échange de 35 à 40 otages détenus à Gaza, et 200 à 300 camions d'aide pourront entrer chaque jour dans le territoire.

Or le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, exige un cessez-le-feu total. "Le Hamas a des exigences que nous n'accepterons pas", a déclaré lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

2 litres d'eau

La bande de Gaza est assiégée et plongée dans une crise humanitaire majeure après quatre mois de guerre.

Cette crise est particulièrement aiguë dans le secteur de Rafah, où s'entasse désormais la moitié de la population de Gaza, rejointe chaque jour par des milliers d'autres personnes fuyant les combats.

Selon l'ONU, les nouveaux arrivés à Rafah ne disposent plus que de 1,5 à 2 litres d'eau chacun par jour pour boire, cuisiner et se laver, et les cas de diarrhée chronique chez les enfants montent en flèche.

Ajoutant à la détresse, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a vu des pays donateurs, dont les Etats-Unis, suspendre leur financement après des accusations d'Israël, selon lesquelles 12 de ses employés ont participé à l'attaque du 7 octobre.

Agences