Gaza: 70 morts en une nuit, Washington soumet un projet de résolution pour un cessez-le-feu immédiat / Photo: AA (AA)

"Nous avons en fait soumis une résolution qui est à présent devant le Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages et nous espérons vivement que les pays la soutiendront", a-t-il dit mercredi soir au média saoudien Al Hadath, en marge d’une visite dans le royaume consacrée au conflit à Gaza.

Depuis le début de la guerre, les Etats-Unis ont mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à des cessez-le-feu immédiats et durables.

M. Blinken a souligné lors de sa discussion avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane que l'adoption d'une telle résolution enverrait un "signal fort". Il a également affirmé l'engagement des États-Unis envers une résolution durable de la crise et la création d'un "futur État palestinien" assurant la sécurité d'Israël, selon le département d'État.

Jeudi matin, le ministère de la Santé de Gaza a rapporté la mort de 70 personnes lors de tirs israéliens et de confrontations dans l'enclave assiégée. Des témoins ont signalé des frappes aériennes au centre du territoire et des combats intenses près de l'hôpital Al Shifa, situé dans la ville de Gaza (nord).

Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a reconnu mercredi que l'opération lancée par ses forces dans le complexe médical al-Shifa, dans la ville de Gaza, vise à "faire pression" sur le mouvement Hamas dans le cadre des négociations en cours au Qatar pour parvenir à un accord d'échange de prisonniers.

"Nous visons deux choses au sein d'Al Shifa: détruire le Hamas et le démanteler, et tuer ses dirigeants militaires et cibler ses chefs et ses militants. Notre objectif est également de faire pression sur le mouvement dans le cadre des négociations en cours au Qatar" a-t-il déclaré.

Face à cette guerre dévastatrice, les médiateurs -Etats-Unis, Qatar, Egypte- tentent de parvenir à une trêve humanitaire. Dans sa nouvelle proposition de trêve transmise la semaine dernière aux médiateurs, le Hamas s'est dit prêt à une trêve de six semaines associée notamment à la libération d'otages enlevés durant l'attaque du 7 octobre en échange de Palestiniens incarcérés par Israël.

Mais mercredi, un responsable du Hamas à Beyrouth, Oussama Hamdane, a déclaré, sans détailler, que la réponse d'Israël à cette proposition de trêve était "globalement négative" et pourrait "conduire les négociations vers l'impasse". La veille, le chef du mouvement palestinien Ismaïl Haniyeh avait accusé Israël de "saboter" les pourparlers par son redéploiement militaire à al-Chifa.

L'Egypte, après l'Arabie saoudite

Pour sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, M. Blinken est attendu jeudi en Egypte et vendredi en Israël et devrait aborder avec ses interlocuteurs les efforts déployés pour parvenir "à un accord de cessez-le-feu immédiat garantissant la libération de tous les otages", de même que l'intensification des efforts internationaux visant à accroître l'aide humanitaire à Gaza et la coordination de l'après-conflit".

Alliés historiques d'Israël, les Etats-Unis tentent d'éviter une offensive terrestre d'envergure sur Rafah, ville adossée à la frontière fermée de l’Egypte, où s'entassent toutefois 1,5 million de Palestiniens, la grande majorité déplacés par les violences dans le reste du territoire.

M. Netanyahu a annoncé l'envoi à Washington d'une délégation israélienne "à la demande du président Joe Biden", pour discuter de cette opération dans ce secteur. Pour les Etats-Unis, une offensive sur Rafah "conduirait à plus de victimes innocentes, aggraverait la situation humanitaire déjà grave (...) et isolerait encore plus Israël".

Dans une lettre au président Biden, une soixantaine d'anciens cadres de la diplomatie américaine estiment que les "tactiques" de l'armée israélienne ont jusqu'à présent causé une "catastrophe humanitaire" à Gaza.

La faim remplace les bombes

La communauté internationale s'inquiète des risques de famine imminente dans le territoire. Selon les agences de l'ONU, plus de 1,1 million de personnes à Gaza, soit environ la moitié de la population, vivent dans une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord où la famine pourrait sévir d'ici mai.

L'ONU pointe entre autres les sévères restrictions sécuritaires imposées par Israël à l'entrée de toute aide humanitaire à Gaza ce qui se traduit par une réduction du volume de l'aide accédant par voie routière au territoire par les deux seuls terminaux, Rafah et Kerem Shalom.

"Le siège, la faim et les maladies deviendront bientôt les principales causes des morts à Gaza", a averti dans la nuit sur X (ex-Twitter) le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini.

Au sixième mois de la guerre, les bombardements israéliens ne cessent et les inquiétudes internationales s'amplifient face à la menace de famine et au bilan humain qui ne cesse de s'alourdir à Gaza avec plus de 31.923 morts, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.

Deux morts en Cisjordanie

Deux Palestiniens ont été tués par une frappe aérienne israélienne près de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, a annoncé tôt jeudi le ministère de la santé de l'Autorité palestinienne.

L'armée israélienne a annoncé peu après minuit (22H00 GMT) mener une opération dans le camp de réfugiés palestiniens de Nour Shams, qui jouxte la ville de Tulkarem, dans le nord-ouest de la Cisjordanie occupée, et tué deux Palestiniens.

Dans la foulée, le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne, qui siège en Cisjordanie occupée, a confirmé deux morts par des tirs israéliens dans le camp de Nour Shams et dont les dépouilles ont été transférées dans un hôpital de Tulkarem.

Selon l'Autorité palestinienne, au moins 430 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens depuis le 7 octobre, et des milliers d'autres ont été arrêtés.

Agences