Ukraine: l’incident des explosions en Pologne fait long feu, le risque de débordement persiste / Photo: Reuters (Reuters)

Joe Biden a informé les membres du G7 et de l'Otan que l'explosion en Pologne avait été provoquée par un tir de missile de la défense aérienne ukrainienne, a annoncé Reuters citant une source de l'Alliance atlantique.

L’incident était en passe de tourner au casus belli qui aurait entraîné la poudrière qu’est devenue l’Europe de l’Est, dans une spirale de violence incontrôlable.

Le débordement des hostilités par-delà les frontières des états imbriqués de l’ex-Union soviétique est le pire des scénarios que tentent d’éluder les discussions officieuses menées par les rares intermédiaires qui maintiennent encore de liens de confiance à Moscou et à Kiev, la diplomatie turque en tête.

La politique cèdant la place au language martial depuis le déclenchement de ce conflit, le Conseil de sécurité nationale polonais avait annoncé qu’il allait se réunir, au lendemain de ces explosions ayant entrainé la mort de deux personnes l'est de la Pologne.

"Le Conseil analyse actuellement les dispositions prises jusqu'à présent avec les commandants, les chefs de service et les alliés", avait alerté sur Twitter le chef du bureau de la sécurité nationale, Jacek Siewier.

Appels à la retenue

Sitôt après la diffusion d’informations faisant état de missiles tombés à Przewodow, village polonais situé à six kilomètres de la frontière ukrainienne, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a convoqué une réunion d'urgence du Conseil de la sécurité nationale.

Le vice-ministre des Affaires étrangères, Pawel Jablonski, n’a attendu aucune confirmation avant de faire valoir le droit à la défense et inciter l’Otan à protéger son pays et prévenir d’autres incidents du genre.

"La réaction de nos alliés, leur soutien sans équivoque et leur volonté de nous soutenir, montrent que nous sommes un pays beaucoup plus sûr que si nous n'étions pas membre de l'Otan", a-t-il déclaré à une radio locale.

Pourtant, le président polonais lui-même Andrzej Duda préconisait la prudence en l’absence "de preuves sur l'auteur des tirs de missiles", alors que son homologue américain avait jugé "peu probable" un tir depuis la Russie.

Les premières constatations de responsables américains, rapportées par l'agence Associated Press, pointaient déjà en direction des forces ukrainiennes qui auraient intercepté un missile russe en approche.

Ce qui n’absout la Russie d’aucune manière et dans tout incident impliquant des missiles, selon Mikhaïlo Podoliak, le conseiller du président ukrainien qui tient à rappeler que "la guerre a été déclenchée et est menée par la Russie."

"La Russie attaque massivement l'Ukraine avec des missiles de croisière… La Russie a transformé la partie orientale du continent européen en un champ de bataille imprévisible", avait-il insisté.

Erdogan: une enquête est indispensable

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait, quant à lui, assuré qu'il "respectait les explications de la Russie".

Le président Erdogan, qui s'exprimait en marge du sommet du G20 à Bali, avait mis l’accent sur l’importance d’écouter attentivement les deux parties. "Il est important pour nous qu'elle précise qu'elle (la Russie) n'y est pas impliquée. La déclaration faite par Biden selon laquelle les roquettes ne sont pas produites par la Russie montre que l'affaire n'a pas de rapport avec la Russie. Une enquête est indispensable", a-t-il souligné.

Le président turc a par ailleurs mis en garde contre les risques de débordement: "Il n'est pas nécessaire de trouver une troisième partie à la guerre alors que nous déployons des efforts pour réunir la Russie et l'Ukraine autour de la même table".

TRT Français et agences