Surprise de ce dimanche, le président Abbas appelle le nouveau gouvernement à préparer des élections législatives et présidentielle, sans donner de date. Un signe étonnant pour un président qui est au pouvoir depuis 18 ans sans aucun scrutin depuis son élection.
C’est sans doute un nouveau geste de l’autorité palestinienne pour montrer sa volonté d’opérer des changements et des réformes.
La nomination d’un nouveau gouvernement était la première pierre pour une nouvelle autorité palestinienne. Le gouvernement qui a prêté serment ce dimanche compte 23 ministres dont 6 ministres originaires de Gaza comme l’ancien maire de la ville de Gaza, Majid Abu Ramadan, nommé ministre de la Santé. Autre nouveauté, les têtes habituelles des cabinets palestiniens ont disparu dans ce nouveau gouvernement qui se veut apartisan et technocratique.
L’équipe est dirigée par le nouveau premier ministre Mohamed Mustafa, économiste, ancien de la Banque Mondiale, qui assure également le portefeuille des Affaires étrangères. L’entrée en scène de ministres originaires de Gaza n’est pas anodine et annonce la stratégie sous-jacente qui est celle d’assurer la gestion de la bande de Gaza après la fin du conflit.
Dans ses premières déclarations, le nouveau chef de gouvernement confirme cette stratégie. Sa priorité, dit-il, c’est terminer la guerre, “réunifier les institutions et assumer la responsabilité de Gaza.” Dans son programme, il ajoute la lutte contre la corruption.
Qui va administrer Gaza après la guerre ?
Washington pousse pour que l’administration palestinienne soit “la solution” post-conflit à Gaza. Le porte-parole du département américain, Matthew Miller, a bien évidemment salué la formation d’un nouveau gouvernement à Ramallah et affirmé que les Etats-Unis se réjouissent de travailler avec un nouveau groupe de ministres pour réaliser des réformes importantes.
“L’autorité palestinienne revitalisée est essentielle pour offrir des résultats aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza et mettre en place les conditions pour une stabilité dans la région, a-t-il ajouté.
Cependant, cette solution est critiquée car l’administration palestinienne ne gère plus Gaza depuis 2007, elle y est impopulaire et est accusée de corruption chronique. Le président Abbas, 88 ans, est également critiqué pour sa gestion “autocratique” de l’autorité palestinienne. Il est en place depuis 18 ans, sans aucune élection. Enfin, après 6 mois de guerre, l’autorité palestinienne est confrontée à de gros problèmes financiers et a du mal à payer les salaires de ses employés.
L’écueil principal dans ce plan est l’opposition des deux acteurs principaux à Gaza aujourd'hui : le Hamas et Israël. Tel-Aviv n’a eu de cesse de répéter qu’Israël n’accepterait aucune administration avec des membres du Hamas à Gaza. Benyamin Netanyahou a présenté un projet dans lequel l’armée israélienne maintiendrait une présence et un contrôle sur Gaza avec une autorité civile sans le Hamas qui gérerait les affaires quotidiennes. Sans surprise, la Hamas a opposé une fin de non-recevoir à une présence militaire d’Israël après la fin du conflit.