Lors de la session plénière du Parlement européen, le rapport 2023 sur "les droits de l'Homme et la démocratie dans le monde et la politique de l'Union européenne" a été approuvé mercredi avec 265 voix pour, 253 contre et 10 abstentions.
À la demande de membres du groupe de la Gauche au Parlement, l'article 62 du rapport a été modifié pour inclure l'appel à un "cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza".
Le rapport révisé, approuvé après la motion pour une résolution, comprend désormais une déclaration exhortant l'Union européenne, ses États membres et la communauté internationale à appeler à un cessez-le-feu immédiat et permanent dans la bande de Gaza, en particulier pour garantir un accès ininterrompu à la nourriture et à l'eau pour tous.
C'est la première fois que le Parlement appelle à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre. Dans une résolution adoptée le 18 janvier dernier, un "cessez-le-feu permanent" était lié à des conditions telles que la libération de tous les prisonniers et le démantèlement du groupe palestinien Hamas.
Lors d'une session en Assemblée générale, mardi, portant sur le rapport, de nombreux membres ont critiqué l'omission de Gaza, accusant l'UE de laisser Israël impuni pour des crimes présumés malgré les attaques en cours.
Plusieurs membres ont exprimé des critiques sur l'exclusion de Gaza du projet initial, accusant l'UE de ne pas tenir Israël responsable de ses présumées violations du droit international.
Les attitudes variables de l’Europe
Initialement, l'Europe était unanime pour condamner le Hamas après ses attaques du 7 octobre et exprimer un soutien inconditionnel à Israël, tandis que de nombreux dirigeants européens s’y précipitaient pour manifester leur solidarité.
Dans une démarche qui a ensuite suscité beaucoup de critiques, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a réaffirmé le soutien inconditionnel de l'UE à Israël sans faire de commentaire sur les victimes civiles à Gaza, lorsqu'elle a visité le pays le 13 octobre 2023 en compagnie de Roberta Metsola, présidente du Parlement européen.
Mécontents de ses remarques, qui ont sapé la crédibilité et les intérêts géostratégiques de l'UE, le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, et le président du Conseil européen, Charles Michel, ont réaffirmé que l'UE reste engagée en faveur d'une résolution politique qui aboutira finalement à la création d'un État palestinien.
Ils ont également souligné que le droit à l'autodéfense d'Israël devrait être exercé conformément au droit international et au droit humanitaire international.
La France avait aussi annoncé son soutien inconditionnel à Israël, puis, finalement mis l’accent, dans un souci de “crédibilité géopolitique”, sur la nature indiscriminée des attaques israéliennes à Gaza, et réaffirmé l'importance d'une solution politique, de l'amélioration des conditions de vie à Gaza.
Le gouvernement britannique dirigé par Rishi Sunak a été l'un des plus fervents défenseurs d'Israël, après le 7 octobre. Il a souligné le droit à l'autodéfense d'Israël tout en évitant de demander un cessez-le-feu.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a été le premier dirigeant européen à visiter Israël après les attaques du 7 octobre.
"La responsabilité que nous portons en raison de l'Holocauste fait de notre devoir de défendre l'existence et la sécurité de l'État d'Israël", avait-il déclaré après sa rencontre avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, le 17 octobre.
Mais le 17 février dernier, Scholz a enfin exhorté Israël à respecter le droit international et à permettre davantage d'aide à Gaza.
L'Espagne, l’Irlande et la Belgique figurent parmi les pays qui ont vivement critiqué les attaques israéliennes à Gaza et insisté à plusieurs reprises sur un cessez-le-feu immédiat et la nécessité pour Israël de se conformer pleinement au droit international.
En effet, Israël a lancé une offensive meurtrière sur la bande de Gaza à la suite d'une incursion transfrontalière du groupe palestinien Hamas le 7 octobre. Les attaques israéliennes qui ont suivi ont tué 29 954 personnes et en a blessé plus de 70 000 avec des destructions massives et des pénuries de produits de première nécessité.
La guerre israélienne a poussé 85% de la population de Gaza à se déplacer en interne, alors que des pénuries aiguës de nourriture, d'eau potable et de médicaments se font sentir, et que 60% de l'infrastructure de l'enclave a été endommagée ou détruite, selon l'ONU.
Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice. Une décision intérimaire, en janvier dernier, a ordonné à Tel Aviv de cesser les actes génocidaires et de prendre des mesures pour garantir que l'aide humanitaire soit fournie aux civils de Gaza.