L'officier du renseignement militaire américain Harrison Mann / Photo : Linkedin / Photo: TRT Balkan (TRT Balkan)

Dans une lettre publiée lundi, Harrison Mann, major de l'armée, a expliqué à ses collègues de l’Agence du renseignement de la défense (DIA) que sa démission était en fait due à un "préjudice moral" découlant du soutien des États-Unis à la guerre d'Israël à Gaza et du mal causé aux Palestiniens.

"J'avais peur. Peur de violer nos normes professionnelles. Peur de décevoir des officiers que je respecte. Peur que vous vous sentiez trahis. Je suis sûr que certains d'entre vous ressentiront la même chose en lisant ceci", a écrit Mann dans une lettre partagée avec ses collègues le mois dernier et publiée sur son profil LinkedIn.

La DIA n'a pas répondu à une demande de commentaire.

Mann a déclaré qu'il ressentait de la honte et de la culpabilité d'avoir contribué à faire avancer la politique américaine qui, pense-t-il, a contribué au massacre de masse de Palestiniens.

"Les derniers mois nous avons vu les images les plus horribles et déchirantes -parfois diffusées dans nos propres espaces- et je n'ai pas pu ignorer le lien entre ces images et mes fonctions, ici. Cela m'a donné des sentiments de honte et de culpabilité incroyables", a écrit Mann.

Mann serait le premier responsable de la DIA connu pour avoir démissionné en raison du soutien des États-Unis à Israël.

Sa confession n’est pas sans rappeler les dernières paroles de l’aviateur américain, Aaron Bushnell, qui s'était immolé par le feu en février devant l'ambassade d'Israël à Washington tandis que d'autres membres du personnel militaire ont manifesté.

Il est à souligner que plus de 35 000 Palestiniens ont été tués et 78 827 blessés dans les bombardements incessants d'Israël sur Gaza. On note également l’augmentation en flèche des 'inquiétudes concernant le manque d'aide humanitaire autorisée à entrer à Gaza par Israël et les avertissements internationaux croissants sur la famine qui tue.

"Prononcez-vous contre les injustices"

"À un moment donné -quelle que soit la justification- vous contribuez soit à une politique qui permet la famine de masse des enfants, soit non", détaille Mann dans sa lettre.

La lettre de démission de Mann a été largement saluée sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes louant son courage.

Exprimant l'espoir que l'exemple de Mann encouragerait les autres membres des forces armées à s’élever contre les injustices et à défendre ce en quoi ils croient, des internautes ont noté que la décision courageuse de Mann résonnerait au sein de la communauté militaire et susciterait des discussions importantes.

Dans ce sillage, la démission de Dr Annelle Sheline du Bureau des droits de l'Homme, de la démocratie et du travail du département d'État se distingue comme la démission la plus significative du département depuis le départ de Josh Paul, haut responsable du Bureau des affaires politico-militaires.

Hala Rharrit, une diplomate chevronnée avec plus de 18 ans d'expérience, a, elle aussi, récemment démissionné.

"Nous avons perdu notre assise morale", avait-elle lancé, qualifiant les tentatives des États-Unis de mettre fin au conflit israélien à Gaza de “stratégie inefficace”.

Les massacres à Gaza ont alimenté des manifestations pro-palestiniennes qui ont gagné les campus universitaires à travers les États-Unis et poussé les démocrates dans des États clés à voter "non-engagé" pour signaler leur mécontentement avant l'élection présidentielle de cette année.

Impact de l’opinion publique ou sursaut interne ?

Toujours est-il que le président Joe Biden a suspendu une livraison d'armes, dans un changement de politique rendu public la semaine dernière, et son administration a déclaré que les États-Unis examinaient d'autres options.

Rappelons qu’Israël est accusé de génocide devant la Cour internationale de Justice. Une décision provisoire, en janvier dernier, a déclaré qu'il était "plausible" qu'Israël commette un génocide à Gaza et a ordonné à Tel Aviv de cesser de tels actes et de prendre des mesures pour garantir que l'aide humanitaire soit fournie aux civils de Gaza.

Francesca Albanese, la rapporteuse spéciale des Nations unies sur la situation des droits de l’Homme dans les territoires palestiniens, estime qu'il existe des motifs raisonnables de croire qu'Israël commet un génocide contre les Palestiniens à Gaza.

Lundi, pourtant, les États-Unis ont affirmé que leur allié au Moyen-Orient n'était pas impliqué dans un génocide des Palestiniens.

TRT Français et agences