Rafah est la ville frontière avec l'Egypte, 1,5 million de personnes y ont trouvé refuge depuis octobre dernier. / Photo: AA (AA)

Les désaccords étaient latents, à peine sous la surface, entre Israël et les États-Unis, aujourd’hui Joe Biden critique directement et franchement la stratégie militaire israélienne à Gaza. Malgré les appels aux cessez-le-feu, Benjamin Netanyahou persiste à préparer une offensive sur la ville de Rafah, où sont réfugiés plus d’un million et demi de personnes qui ont fui les combats au Nord de l’enclave.

“Je pense qu’il commet une erreur et je ne suis pas d’accord avec son approche”, a déclaré le président américain. Le “Il” fait bien sûr référence à Benjamin Netanyahou que Joe Biden côtoyait lorsqu’il était ambassadeur aux États-Unis et qu’il appelait “Bibi”. Ce temps amical semble bien terminé. Aujourd'hui, le président américain met la pression sur Israël. “J’appelle les Israéliens à respecter un cessez-le-feu et permettre pour les 6 à 8 semaines qui viennent un accès total à la nourriture et aux médicaments qui vont rentrer à Gaza”, a lancé le président américain dans cette interview mardi.

Tout semble avoir basculé après la mort de 7 humanitaires qui travaillaient à Gaza avec l’ONG américaine World Central Kitchen. Leur véhicule a été visé par l’armée israélienne. Tel-Aviv a eu beau s’excuser, parler d’erreur et limoger deux commandants, ses explications n’ont pas vraiment convaincu. S’en est suivi un coup de fil tendu entre le président américain et Benjamin Netanyahou jeudi 5 avril. Dans la foulée, Israël a ouvert quelques points d’accès à Gaza pour laisser entrer de l’aide humanitaire et a retiré ses troupes de Khan Younès.

Biden change de ton et ensuite ?

Mais il y a un “mais”, Benjamin Netanyahou persiste à annoncer une offensive sur Gaza qui serait selon ses dires le dernier bastion du Hamas. Il a même assuré qu’une date était fixée. Le ministère de la défense israélien a également lancé un appel d’offres pour acheter 40 000 tentes qui devraient servir pour abriter 480 000 personnes. Le département d'État américain avait pourtant émis ses réserves vis-à- vis d’une opération terrestre dans la dernière ville de Gaza, “qui impacterait directement les civils et mettrait à terme en danger la sécurité d’Israël.”

Le départ de l’armée israélienne de Khan Younès donne une idée de ce qu’une opération terrestre peut dans les faits vouloir dire. Pratiquement tous les bâtiments et maisons ont été détruits.

Les négociations au Caire entre Israël et le Hamas ne semblent pas sur le point d’aboutir. On parle aujourd'hui d’un cessez-le-feu contre la libération de 40 otages israéliens et plus de 100 prisonniers palestiniens.

Dans le même temps, Joe Biden est de plus en plus sous pression aux États-Unis, à six mois des élections de novembre prochain. Une partie de son électorat traditionnel, arabes-américains et afro-américains critiquent vertement le soutien aveugle de l’administration Biden à Israël. Le vote “non committed” (non-engagé) lors des dernières primaires démocrates au Wisconsin et au Connecticut a dépassé les 10%. En cause, le soutien inconditionnel à Israël. De plus en plus de démocrates sont très critiques car si le discours américain change à propos de Gaza, les faits ne suivent pas.

L’aide militaire continue, en clair les livraisons d’armes continuent. Au Conseil de sécurité de l’ONU, Washington a mis son véto à trois résolutions pour faire cesser les combats à Gaza et s’est juste abstenu lors du dernier vote qui appelle à un cessez-le-feu. Les États-Unis ont de même voté contre une résolution au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui interdit la vente d’armes à Israël.

Le nombre de victimes à Gaza dépasse aujourd’hui les 33 000 morts, des victimes qui sont en grande partie des enfants et des femmes.

TRT Français et agences