Erdogan désapprouve la dissolution du Parlement tunisien (Reuters)

"La dissolution du Parlement des élus en Tunisie est un coup à la volonté du peuple tunisien", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Le Chef de l'État turc s'est exprimé au sujet des récents développements survenus en Tunisie, lundi.

"Nous regrettons la dissolution de l'Assemblée des représentants du peuple en Tunisie, qui avait tenu une séance plénière le 30 mars 2022, et l'enquête ouverte contre les députés qui y avaient participé", a déclaré Erdogan.

Le président turc a dit espérer que "ces développements ne nuiront pas au processus de transition à la légitimité démocratique en Tunisie", soulignant l'importance accordée à "la mise en application de la feuille de route sur la tenue des élections".

"Nous estimons que le processus transitoire sera réussi seulement grâce à un dialogue englobant et significatif, avec la contribution de tous les éléments de la société, dont le Parlement qui incarne la volonté nationale", a insisté Erdogan.

Il a rappelé que la démocratie est un système où "les élus et les désignés se respectent".

"Nous considérons les développements en Tunisie comme une tache sur la démocratie. La dissolution du Parlement qui abrite les élus nous inquiète pour l'avenir de la Tunisie et relève d'un coup à la volonté du peuple tunisien. La Turquie continuera d'être aux côtés de la Tunisie et du peuple tunisien amis et frères", a conclu Erdogan.

Le Parlement tunisien avait adopté, le 30 mars, lors d'une session virtuelle, une loi annulant les mesures d'exception prises par le Président Kaïs Saïed le 25 juillet, notamment le gel des prérogatives du Parlement, la promulgation de lois par décret présidentiel et la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature.

Quelques heures plus tard, Saïed a annoncé, dans un discours télévisé, la dissolution du Parlement "afin de préserver l'État et ses institutions", considérant que la réunion du Parlement et ce qui en est ressorti étaient une "tentative de coup d'État ratée".

Plusieurs forces politiques et de la société civile rejettent les mesures d'exception de Saïed et les assimilent à un "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent, les considérant comme une "correction du cours de la révolution de 2011" qui a renversé le régime de l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali.

Saïed, qui a entamé un mandat présidentiel de 5 ans en 2019, a déclaré que ses mesures sont "des mesures prises dans le cadre de la Constitution pour protéger l'État d'un danger imminent", et a souligné que les droits et libertés ne sauraient être violés.

AA