Carburant: sous pression, TotalEnergies annonce des négociations salariales, la grève continue (Others)

La CFDT et la CGT ont fait savoir qu'elles acceptaient l'invitation.

La grève se poursuit dans plusieurs dépôts et raffineries en France, où la crainte d'une pénurie d'essence provoque de longues files d'attente d'automobilistes. Le gouvernement a ordonné jeudi une nouvelle réquisition de personnels, cette fois-ci au dépôt TotalEnergies de Dunkerque (Nord).

Les débrayages sont en revanche terminés sur le site Esso de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), a confirmé à la mi-journée un représentant de la CGT à Reuters.

"Compte tenu de l'attitude responsable des équipes concernées par la réquisition décidée par le gouvernement pour rétablir les flux de carburants sortant du dépôt de Dunkerque, la direction invite l'ensemble des organisations syndicales représentatives du Socle Social Commun à des négociations salariales collectives ce soir à 20h00", a fait savoir TotalEnergies dans un communiqué.

La CFDT a précisé qu'elle participerait à ces négociations "avec ses revendications et sa volonté d’obtenir un accord à la hauteur des enjeux".

TotalEnergies, qui dans un premier temps avait proposé d'avancer à octobre - au lieu de novembre - la négociation annuelle obligatoire sur les salaires, estimait jusqu'à présent que la poursuite des blocages empêchait la tenue de discussions.

Il avait annoncé jeudi matin dans un communiqué consentir le versement d'une prime exceptionnelle représentant un mois de salaire à tous ses salariés dans le monde.

Le groupe pétrolier se dit également disposé à envisager un budget pour les augmentations salariales 2023 sur la base de l'inflation 2022.

Le maire presse TotalEnergies

La direction du groupe français avait déjà accepté de recevoir mercredi une délégation de la CGT dans le cadre de rencontres bilatérales avec les syndicats représentatifs.

Jeudi matin, le gouvernement avait de nouveau exhorté les deux parties en conflit à la responsabilité, appelant à un "partage de la valeur équitable" par la voix du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.

TotalEnergies "doit augmenter les salaires", a-t-il martelé sur RTL. Les services de la Première ministre Elisabeth Borne avaient en outre fait savoir qu'ils comptaient sur une reprise du dialogue "dans les prochaines heures".

La CGT a annoncé jeudi matin la poursuite de la grève sur cinq sites, dont quatre raffineries.

Evoquant l'inflation élevée et les profits engrangés par TotalEnergies à la faveur de la flambée des cours du pétrole, le syndicat réclame des augmentations immédiates et rétroactives pour 2022.

Les premières réquisitions ont été décrétées mercredi et concernaient quatre employés (deux pour ce mercredi et deux pour jeudi matin) du site de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) d'Esso, filiale d'ExxonMobil, autre groupe pétrolier touché par le mouvement de contestation en France.

Jeudi, Matignon a annoncé à la mi-journée avoir demandé au préfet des Hauts-de-France de prendre "un arrêté pour la réquisition des personnels strictement indispensables à la distribution du carburant" au dépôt TotalEnergies de Dunkerque.

Selon un représentant de Force ouvrière (FO), cinq salariés ont été réquisitionnés pour travailler à partir de 14h00 (12h00 GMT) dans ce dépôt.

"L'heure du bras de fer"

La CGT a dénoncé ces réquisitions, assimilable à ses yeux à une entrave au droit de grève et Philippe Martinez, son secrétaire général, a annoncé jeudi matin sur BFM TV et RMC qu'un référé avait été déposé à ce sujet.

Quatre syndicats de salariés, la CGT, Force ouvrière, Solidaires et FSU, ont appelé jeudi soir à une journée de grève interprofessionnelle mardi 18 octobre "pour l'augmentation des salaires et la défense du droit de grève".

"La mobilisation gagne des secteurs de plus en plus nombreux dans le privé comme dans le public. Elles et ils obtiennent par leurs actions avec leurs organisations syndicales l’ouverture de nouvelles négociations et des avancées salariales significatives. C’est aujourd’hui qu’il faut se mobiliser dans tous les secteurs professionnels, public comme privé", dit la CGT dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

"C’est pourquoi les organisations syndicales et les organisations de jeunesse signataires décident d’appeler ensemble les travailleuses et travailleurs et la jeunesse à la mobilisation y compris par la grève le mardi 18 octobre pour l’augmentation des salaires, des pensions et minima sociaux, et l’amélioration des conditions de vie et d’études."

"L'heure du bras de fer est venue", avait estimé plus tôt la députée de Seine-Saint-Denis (LFI) Clémentine Autain sur France 2, alors qu'une "Marche contre la vie chère et l'inaction climatique" est prévue dimanche à Paris à l'appel des partis de gauche, notamment.

Reuters