Les États Unis ont également exprimé à plusieurs reprises leur reconnaissance et leur gratitude envers la Turquie (AA)

Une étape importante a été franchie vendredi pour surmonter la crise alimentaire mondiale, l’une des conséquences les plus importantes de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Suite à des mois de négociations menées sous la médiation d’Ankara, la Turquie, la Russie, l'Ukraine et les Nations Unies (ONU) signent, sous les auspices du président Recep Tayyip Erdogan, le "Document sur l'Initiative pour l’acheminement en toute sécurité des céréales et des denrées alimentaires des ports ukrainiens".

La cérémonie s’est déroulée au palais Dolmabahce à Istanbul en présence d’Erdogan, du Secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres ainsi que des ministres turc et russe de la Défense et du ministre ukrainien des Infrastructures. Alors que l’Union européenne a imposé une série de sanctions à la Russie pendant cette crise alimentaire, la Turquie a réussi à obtenir un consensus pour rétablir la sécurité alimentaire.

L’accord a été signé par le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, le ministre ukrainien de l'Infrastructure, Aleksandr Kubrakov, et le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.

Un centre de coordination à Istanbul

Istanbul avait accueilli la semaine dernière une réunion quadripartite entre les délégations de la Turquie, de l'Ukraine, de la Russie et des Nations Unies, pour discuter de la reprise des exportations de céréales ukrainiennes par la mer Noire. Akar, avait déclaré à cette occasion qu’un centre de coordination allait être créé. Lors de la réunion quadripartite sur les céréales ukrainiennes, il a été convenu de créer un centre de coordination à Istanbul", a-t-il indiqué.

Le suivi des travaux sera assuré depuis le Centre de coordination conjoint qui sera établi à Istanbul.

D’après un haut fonctionnaire de l’ONU, les navires seront inspectés à l’entrée et à la sortie des ports. "Cela se fera sous la supervision du Centre conjoint de coordination, où se trouvent actuellement trois États membres et les Nations Unies. Des équipes d'inspection seront formées. Les navires seront inspectés pour s'assurer qu'aucune arme n'entre en Ukraine." a-t-il déclaré.

"Le rôle de la Turquie dans ce domaine était très important et augmentera au fur et à mesure de sa mise en pratique (...) Le rôle de la Turquie dans ces négociations a certainement été central. Cela a été un excellent partenariat pour nous" a-t-il ajouté.

Remerciement envers Erdogan

L'Union européenne a salué comme "un pas dans la bonne direction" l'accord pour débloquer les exportations de céréales ukrainiennes signé à Istanbul avec la Russie, et a appelé à sa "mise en œuvre rapide".

"L'accord d'Istanbul est un pas dans la bonne direction. Nous appelons à sa mise en œuvre rapide", a déclaré le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell sur son compte Twitter.

"Il s'agit d'une étape cruciale dans les efforts visant à surmonter l'insécurité alimentaire mondiale causée par l'agression de la Russie contre l'Ukraine, a-t-il précisé.

Poutine avait remercié Erdogan pour ses efforts de médiation, affirmant que les opérations d'exportation des céréales via la mer Noire ont progressé grâce à la médiation d'Ankara.

"J’aimerais vous remercier pour vos efforts de médiation, pour avoir proposé la Turquie comme terrain de négociations concernant les problèmes de production alimentaire, les problèmes d’exportations des céréales via la mer Noire", a déclaré Poutine, selon des propos retranscrits dans un communiqué du Kremlin.

Les États Unis ont également exprimé à plusieurs reprises leur reconnaissance et leur gratitude envers la Turquie face à ses efforts pour résoudre la crise céréalière.

"Le président (Joe Biden) l'a remercié. Erdogan cherche une solution aux expéditions de céréales suspendues" avait déclaré John Kirby, le coordinateur de la communication stratégique du Conseil de sécurité nationale à la Maison Blanche.

"Nous saluons le travail diligent de nos alliés turcs", a également précisé aux journalistes le porte-parole du département d'État, Ned Price.

Menace de famine et déstabilisation massive

Plus de 25 millions de tonnes de céréales ukrainiennes sont bloquées dans les ports de la mer Noire en raison de la guerre en Ukraine qui dure depuis maintenant cinq mois, provoquant des pénuries mondiales et la hausse des prix.

La Russie considère que les sanctions occidentales sont à l'origine des pénuries alimentaires, alors que les États-Unis accusent le Kremlin de tenter d'utiliser les exportations agricoles ukrainiennes comme objet de "chantage" pour obtenir la levée des sanctions imposées par les États-Unis et les pays partenaires.

Selon l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, l'Ukraine est le cinquième exportateur mondial de blé. En juin, des responsables de l'ONU ont prévenu que le blocage des blés mettrait en péril la sécurité alimentaire mondiale avec un risque de famine, de déstabilisation et de migration massive dans le monde entier.

TRT Français et agences