Troubles au Sénégal: signalement du Quai d'Orsay contre l'avocat Juan Branco / Photo: AFP (AFP)

Le Quai d'Orsay "a pris connaissance des accusations graves et infondées portées par Juan Branco, et de ses récentes publications divulguant des informations de nature professionnelle visant des agents français en poste au Sénégal", a-t-on précisé de même source, confirmant une information de la radio privée Europe 1 mercredi.

"Au regard des agissements de M. Branco, le ministère des Affaires étrangères a (...) procédé aux signalements qui s'imposaient auprès des autorités compétentes. Il appartient à ces autorités d'en apprécier la suite à donner".

Sollicité par l'AFP, le parquet n'a pas immédiatement donné suite.

Juan Branco, l'un des avocats de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, a déposé une plainte en France et une demande d'enquête à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye contre le président sénégalais Macky Sall pour "crimes contre l'humanité", après les pires troubles qu'ait connu le Sénégal depuis des années.

Le ministère français reproche notamment à M. Branco d'avoir publié les noms de plusieurs agents de l'Etat, ainsi que leur numéro de téléphone, adresses mail et numéro de matricule.

"Partout où l'intégrité des agents est menacée ou attaquée à l'occasion ou en raison de leur fonction, le ministère des Affaires étrangères leur accorde la protection fonctionnelle", a expliqué le Quai d'Orsay, rappelant qu'il était tenu à une obligation de protection de ses agents.

L'avocat s'est pour sa part indigné de la procédure, estimant que "la France ferait mieux de dénoncer les crimes commis par le régime de Macky Sall plutôt que d'essayer de couvrir son implication".

Il est "scandaleux qu'un conseiller technique français soit resté auprès du ministre sénégalais de l'Intérieur pendant toute cette période et ait participé à l'organisation de la répression" au Sénégal, a-t-il ajouté à l'AFP. Ce signalement "confirme que les informations que l'on a révélées sont vraies", a-t-il estimé.

La condamnation à deux ans de prison de l'opposant Ousmane Sonko avait provoqué de graves troubles au Sénégal, faisant 16 morts officiellement, au moins une trentaine selon l'opposition.

M. Sonko crie au complot pour l'écarter de l'élection présidentielle de février 2024 et son parti estime à plus de 300 le nombre de "détenus politiques". Le pouvoir réfute les deux accusations.

Le 3 juillet, Macky Sall a finalement annoncé qu'il ne se présenterait pas pour un troisième mandat à la présidentielle prévue l'an prochain.

AFP