Le président Macron à l'Elysée / Photo: AFP (AFP)

Quel est le plus grand dossier qui attend l'exécutif à la rentrée ?

Je pense que le plus grand dossier est la loi de finances, le budget. On voit autour de cette question qu'il commence à y avoir un certain nombre de crispations et de tensions par rapport à la question des déficits publics, avec une problématique toujours la même pour l'exécutif qui est la majorité absolue. Le texte du budget est pratiquement le plus important du mandat parlementaire. Ils recherchent sans doute un soutien des républicains mais le gouvernement peut aussi utiliser le 49.3.

Toutefois, l’opinion publique voit que le recours au 49.3 n’est pas respectueux de la vie parlementaire démocratique. Le gouvernement l’a déjà utilisé l’année dernière, ce ne sera pas très bon pour la popularité du gouvernement d’avoir une deuxième année d’utilisation.

La loi sur l’immigration peut-elle se durcir afin d’obtenir la majorité au parlement ?

Sur certains points, le projet de loi peut se durcir mais je n'imagine pas l'exécutif reprenant à son compte l’ensemble des propositions des Républicains sur l'immigration. Ca montrerait, à ce moment-là, que l'exécutif n’avait pas de point fort sur cette question, mais on peut avoir sur certains points, des avancées et des rapprochements entre LR et gouvernement sur l’immigration.

Dans notre vie politique française, régulièrement, il y a une discussion sur une politique d’immigration qui est conditionnée à une politique de quota comme celle du Canada. Dans ce modèle, on est prêts à donner des visas où il y a besoin de travailleurs dans certains secteurs économiques, ce qui n’est pas vraiment la politique française d’immigration. Du côté des républicains, on est assez intéressé par cette question, qui donne lieu ultérieurement soit à une régularisation du travailleur sans papiers, soit à une demande de naturalisation française. Ça va sans doute être un des points importants des discussions sur l’immigration.

Comment l’interdiction de l’abaya a-t-elle façonné la rentrée scolaire et quelles sont les avancées dans l’Education Nationale ?

Je pense que si on prend un peu de recul, on voit qu’à travers la question d’éducation, il y a deux aspects qui sont utilisés par l'exécutif qui touchent l’électorat du centre gauche à savoir la valeur de l'éducation, clé pour l’ascension sociale, l'émancipation et un autre thème qui pourrait parler à la droite et qui est le retour de l'autorité à l’école et de ce qui permet de faire tenir les deux, c'est bien évidemment la réponse à la laïcité.

L'idée d'interdire ce vêtement avec toute la complexité autour de ce dossier, parce que ça ne va pas être simple à appliquer, va donner lieu à beaucoup de débats tendus. Au niveau des lycéennes qui portent ce vêtement, elles ne le voient pas nécessairement comme une marque d'affiliation religieuse. On voit toute la complexité de cette interdiction qui en même temps répond à une très forte demande des responsables pédagogiques de dispenser une règle de conduite donnée par l'État.

Il y a des avancées concernant la pratique du métier. Le ministre de la fonction publique a procédé à la revalorisation non seulement du point d'indice fonctionnaire et de certains métiers, notamment les enseignants. On en est au début. Mais c'est vrai qu'il y a un certain nombre d'avancées en termes de rémunération des fonctionnaires, même si globalement, le niveau de rémunération des fonctionnaires restent en France beaucoup trop bas.

Je pense que même les syndicats d'enseignants reconnaissent l'avancée de la revalorisation du point d'indice de la fonction publique qui pourrait ne faire que rattraper les années de blocage du point d'indice, c’est vrai qu’il a été bloqué pendant très très très longtemps.

Quels sont les enjeux autour de l’accueil des grands événements (les Jeux olympiques, les Jeux paralympiques, la Coupe du monde de rugby) ?

Il y a un énorme enjeu. Le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin joue très gros. Il y avait un match de football qui avait tourné au désastre en termes de sécurité publique. C'est non seulement un enjeu d'image internationale pour la France, mais c'est aussi un enjeu qui peut avoir des répercussions directes pour le ministre de l'Intérieur. C’est une dimension politique pour que Darmanin puisse avoir une candidature crédible à l'élection présidentielle et mettre ses pas dans ceux de Nicolas Sarkozy. Il faut qu'il ait un très bon bilan sur le thème de la sécurité publique dans l'organisation des jeux olympiques et de la Coupe du Monde. C’est aussi un enjeu pour l'exécutif pour montrer que, après les émeutes, il y a la capacité à organiser de grands événements sans de graves incidents.

TRT Francais