Trois mois après la guerre, la bande de Gaza est devenue un "lieu de mort et de désespoir" tout simplement "inhabitable", selon les termes des Nations unies. 70% des habitations et environ la moitié des bâtiments de la bande de Gaza ont été endommagés ou détruits, "des destructions inégalées dans les guerres urbaines modernes" d’après le Wall Street Journal.
Rendre un territoire inhabitable
Les dégâts ont incité des experts et certains responsables de l'ONU à qualifier les bombardements de "domicide", un terme forgé à partir de la fusion des mots latins "domus" (maison) et "cide" (acte de tuer). Il désigne la destruction délibérée, systématique et à grande échelle des logements et des infrastructures dans le but de rendre le territoire inhabitable.
Dans le cas de la Palestine, l’objectif d'Israël est donc de rendre Gaza inhabitable. Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir et le ministre des Finances Bezalel Smotrich ont d’ailleurs appelé à un retour des colons juifs à Gaza après la guerre et à "encourager" la population palestinienne de ce territoire à émigrer.
Le "domicide" va au-delà de la destruction d'un logement, englobant également les économies de familles, les souvenirs et le sentiment d'appartenance à un lieu causant un traumatisme social et psychologique. Les attaques contre les infrastructures comme les centrales de traitement de l'eau, les terres cultivables, les panneaux solaires à Gaza rendent l’endroit invivable.
Pour Clara Gérard-Rodriguez, avocate en droit pénal international au barreau de Paris, ce mot a emergé du conflit israélo-palestinien et de la situation à Gaza et en Cisjordanie occupée.
Appel à un concept juridique
Si le "domicide" n’est pour l'instant pas considéré comme un crime de guerre, les appels à son inscription au droit international s’accumulent. Dans un rapport, le rapporteur spécial sur le logement convenable de l’ONU, Balakrishnan Rajagopal, a plaidé en faveur de la reconnaissance par la communauté internationale de ces graves violations du droit international sous le terme de "domicide".
Selon Balakrishnan Rajagopal, il y a un "vide juridique très important" à combler. "Nous devons arrêter de baisser les yeux face à la destruction à grande échelle ou systématique de logements civils durant les conflits. Nous devons mettre un terme à ce phénomène, que l’on se doit d’appeler "domicide", avait déclaré Balakrishnan Rajagopal, lors de la présentation d’un rapport à l'Assemblée générale des Nations unies.