Nouveau point d'entrée pour l'aide à Gaza pendant qu'Israël poursuit les frappes / Photo: AA (AA)

La décision d'autoriser l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise à décongestionner celui de Rafah, à la frontière avec l'Egypte.

C'est actuellement l'unique point d'entrée des camions de vivres et médicaments dans l'étroite bande de terre, et à un rythme très inférieur à avant le début de la guerre.

Tout en saluant l'ouverture du terminal de Kerem Shalom, le représentant de l'OMS pour les territoires palestiniens occupés, a estimé qu'il faut "travailler" à l'accès des camions de vivres et médicaments à toute la bande de Gaza. L'aide reste pour l'instant largement concentrée sur Rafah.

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, était en Israël jeudi et vendredi, pour appuyer le souhait de la Maison Blanche de voir l'offensive israélienne à Gaza passer à une phase de "plus faible intensité" à court terme.

Dans un signe de crispation inédit face à l'ampleur des pertes palestiniennes, le président américain Joe Biden a déclaré mardi qu'Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements "aveugles".

Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a cependant prévenu qu'il y aura "davantage de batailles difficiles dans les prochains jours".

Au total, selon l'armée, 119 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre.

La branche armée du Hamas a indiqué dans un communiqué avoir tiré des roquettes vers Jérusalem "en réponse aux massacres sionistes de civils". Six missiles ont été tirés vers Jérusalem dont trois ont été interceptés, d'après l'armée israélienne. Les services de secours n'ont pas rapporté de victimes.

M. Sullivan a aussi estimé vendredi qu'il ne serait "pas juste" qu'Israël occupe Gaza dans la durée, précisant que le gouvernement israélien avait lui-même "fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'occuper Gaza sur le long terme".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué plus tôt dans la semaine vouloir prendre "la responsabilité générale de la sécurité" du territoire "pour une durée indéterminée", après la guerre.

Avec son offensive terrestre, l'armée a gagné le contrôle de plusieurs zones du nord de l'étroite bande côtière.

Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, a lui aussi martelé vendredi que toute tentative de "séparer" la bande de Gaza de l'Etat palestinien était "inacceptable", d'après le compte-rendu de sa rencontre à Ramallah avec l'envoyé américain.

Un journaliste tué, deux blessés

Les journalistes à Gaza continuent par ailleurs de payer un très lourd tribut: un journaliste d'Al Jazeera a été tué vendredi et un autre blessé dans une frappe israélienne, a rapporté la chaîne qatarie.

Plus de 60 journalistes et employés de médias sont morts depuis le début de la guerre.

Un journaliste de l'agence de presse turque Anadolu a lui aussi été blessé à Jérusalem-est, annexée et occupée par Israël. Dans des images récupérées par l'AFP, on voit ce photographe, Mustafa Alkharuf, d'abord frappé au visage puis roué de coups de pieds.

Un porte-parole de la police israélienne a précisé que les officiers observés dans la vidéo avaient fait l'objet d'une "suspension opérationnelle immédiate".

Cruel revers pour l'armée: elle a annoncé vendredi que des soldats opérant dans la bande de Gaza avaient tué trois otages israéliens pris "par erreur" comme une "menace".

Dans la soirée, Benjamin Netanyahu a dit regretter "une insupportable tragédie" qui plonge "tout l'Etat d'Israël dans le deuil", tandis que la Maison Blanche a déploré "une erreur tragique".

Ces décès portent à 22 le nombre d'otages dont la mort a été confirmée. 110 ont été libérés, et 129 restent captifs sans qu'il soit possible de savoir s'ils sont vivants.

Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie sur le petit territoire surpeuplé sont décrites comme cauchemardesques par l'ONU et les ONG pour les civils palestiniens acculés dans des zones toujours plus petites.

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux bombardements et combats qui s'étendaient.

La guerre déclenchée par une attaque le 7 octobre, sans précédent dans l'histoire d'Israël, menée par le Hamas, a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités, tandis qu'environ 250 personnes ont été capturées.

En représailles, Israël a promis de "détruire" le Hamas et a lancé une offensive sur la bande de Gaza. Selon un dernier bilan du ministère de la santé du Hamas, au pouvoir à Gaza, 18.800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens.

Agences