L'UE divisée sur les visas pour les Russes, prévoit une mission de formation militaire en Ukraine (Reuters)

Réunis à Prague mardi et mercredi, les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept doivent discuter de nouvelles sanctions contre la Russie en raison de son offensive de l'Ukraine, lancée en février, mais la question de la délivrance des visas ne fait pas consensus.

Les ministres européens de la Défense, qui terminent quant à eux ce mardi une réunion de deux jours à Prague, devraient de leur côté parvenir à un accord de principe sur la question, moins controversée, de missions européennes conjointes de formation militaire des troupes ukrainiennes.

Dans un document franco-allemand que Reuters a pu consulter mardi, la France et l’Allemagne s'opposent à une éventuelle interdiction européenne des délivrances de visas touristiques à des ressortissants russes, jugeant qu'une telle sanction serait contre-productive.

"Tout en limitant les contacts avec les représentants et les responsables du régime (russe) aux seuls domaines d'importance vitale pour l'UE, nous devons livrer une bataille stratégique pour 'le coeur et l'esprit' de la population russe - du moins la partie qui n'a pas encore totalement perdu le contact avec 'l'Ouest'", soulignent la France et l'Allemagne dans ce document, selon sa version en anglais.

Tout en défendant un examen scrupuleux des demandes de visas, le couple franco-allemand appelle à "ne pas sous-estimer le pouvoir de transformation lié au fait de découvrir de ses propres yeux la vie dans des systèmes démocratiques, en particulier pour les générations futures".

Restreindre plutôt qu’interdire

Alors que les principaux responsables russes sont déjà interdits d'entrée sur le territoire européen depuis février, les principaux défenseurs d'une interdiction totale de la délivrance de visas touristiques aux citoyens russes sont les États baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) mais aussi la Finlande et la Pologne, qui partagent tous une frontière terrestre avec la Russie.

La République tchèque, qui a succédé à la France le 1er juillet à la présidence tournante du Conseil de l'UE, soutient également la proposition d'un arrêt de la délivrance de visas touristiques aux Russes à l'échelle de l'UE, tout comme le Danemark.

Une source diplomatique européenne a jugé lundi que les divisions sur une interdiction des visas touristiques étaient trop profondes pour permettre un consensus, mais estimé que les chefs de la diplomatie des Vingt-Sept pourraient parvenir à un compromis sur une suspension de l'accord russo-européen sur la facilitation de la délivrance des visas, avec pour conséquence une procédure plus complexe, plus longue et plus coûteuse.

Parallèlement, les ministres de la Défense des Vingt-Sept pourraient parvenir ce mardi à un accord de principe sur la mise en place d'une mission européenne de formation militaire pour l'Ukraine, a déclaré le Haut Représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell.

Alors que la situation sur le terrain est toujours "très mauvaise", "nous allons continuer à soutenir l'Ukraine avec des initiatives comme cette mission d'entraînement militaire, dont les ministres vont discuter", a déclaré Josep Borrell à son arrivée à cette réunion à Prague.

Pour le chef de la diplomatie européenne, cette réunion devrait se solder par "un accord politique général" sur cette mission de formation.

"J'espère que nous obtiendrons un feu vert politique pour cette mission", a-t-il ajouté. "C'est le moment d'agir, c'est le moment de prendre des décisions."

Plusieurs pays européens assurent déjà depuis plusieurs mois des missions d'entraînement des troupes ukrainiennes, principalement afin de leur permettre d'utiliser les armements fournis par les puissances occidentales soutenant Kiev face à l'offensive lancée il y a plus de six mois par la Russie.

Reuters