Lors d'une rencontre avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Taipei, Mme Pelosi a affirmé être venue "en paix" dans la région. (Reuters)

Lors d'une rencontre avec la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen à Taipei, Mme Pelosi a affirmé être venue "en paix" dans la région tout en assurant que les États-Unis n'abandonneraient pas leurs engagements envers l'île que la Chine considère comme partie intégrante de son territoire.

"Aujourd'hui, notre délégation (...) est venue à Taïwan pour dire sans équivoque que nous n'abandonnerons pas notre engagement envers Taïwan et que nous sommes fiers de notre amitié durable", a déclaré Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à visiter l'île depuis 25 ans.

Tokyo et Séoul appellent à la stabilité

Le Japon s'est dit "préoccupé" par les exercices militaires que la Chine a l’intention de mener à partir du 4 août et qui devraient s’étendre à une zone maritime incluant "la zone économique exclusive (ZEE) du Japon", selon le porte-parole du gouvernement nippon Hirokazu Matsuno.

Tokyo "a exprimé sa préoccupation auprès de la Chine, compte tenu de la nature des activités militaires", qui incluent "le tir de munitions réelles", a-t-il déclaré.

"La position constante du Japon a toujours été qu'il attend que les questions relatives à Taïwan soient réglées pacifiquement, par le dialogue", a précisé M. Matsuno.

Pour sa part, la Corée du Sud a appelé au dialogue pour maintenir la paix et la stabilité dans la région. "La position de notre gouvernement est de maintenir une communication étroite avec les parties concernées [...] considérant l'importance de la paix et de la stabilité dans la région par le dialogue et la coopération", a déclaré un responsable du bureau présidentiel à la presse.

La Russie et la Corée du Nord en soutien à la Chine

La Russie a qualifié la visite de Pelosi de "provocation scandaleuse", estimant que la Chine a le droit de prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger sa souveraineté".

"La position de principe de la Russie reste inchangée, et nous partons du fait qu'il n'y a qu'une seule Chine, que le gouvernement de la République populaire de Chine est le seul gouvernement légitime qui représente toute la Chine, et que Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois", a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Moscou a exhorté Washington "à s'abstenir d'actions qui sapent la stabilité régionale et la sécurité internationale et à reconnaître la nouvelle réalité géopolitique, dans laquelle il n'y a plus de place pour l'hégémonie américaine".

La Corée du Nord a, elle aussi, qualifié d'"ingérence impudente" dans les affaires intérieures de la Chine la visite de Pelosi et a assuré Pékin de son "soutien total".

"Taïwan est une partie inséparable de la Chine, et la question de Taïwan concerne les affaires intérieures de la Chine", a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères cité par l'agence officielle KCNA.

Riposte de Pékin

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé "une grave violation" des engagements américains vis-à-vis de la Chine, qui "porte gravement atteinte à la paix et à la stabilité" régionales.

Le gouvernement chinois avait convoqué mardi soir l'ambassadeur américain Nicholas Burns. Le vice-ministre des Affaires étrangères, Xie Feng, lui a exprimé les "protestations fermes" de son pays, ajoutant que "l'initiative (de Mme Pelosi de se rendre à Taïwan) est extrêmement choquante et les conséquences seront très graves", selon l'agence Chine Nouvelle.

Le ministère chinois de la Défense a quant à lui promis des "actions militaires ciblées", avec une série de manœuvres militaires autour de l'île, dont "le tir à munitions réelles de longue portée" dans le détroit de Taïwan, qui sépare l'île de la Chine continentale.

"Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur (...) les eaux territoriales de Taïwan", a déclaré le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense Sun Li-fang. "Il s'agit d'un acte irrationnel visant à défier l'ordre international", a-t-il dénoncé.

Le ministère du commerce de Pékin a également annoncé des sanctions économiques, annonçant une suspension de l'exportation vers Taïwan de sable naturel, l'une des principales exportations de l'île. L'administration chinoise des douanes a décidé de suspendre l'importation des agrumes et de certains poissons de Taïwan.

"Taïwan ne reculera pas"

"Face à des menaces militaires délibérément accrues, Taïwan ne reculera pas", a réagi quant à elle la présidente taïwanaise Tsai Ing Wen.

"Nous allons (...) continuer à défendre la démocratie", a-t-elle affirmé lors de sa rencontre avec Mme Pelosi, qu'elle a remerciée pour avoir "pris des mesures concrètes pour montrer (son) soutien indéfectible à Taïwan en ce moment critique".

Les autorités taïwanaises ont signalé dans la nuit de mardi à mercredi que 21 avions militaires chinois avaient pénétré dans la zone d'identification de défense aérienne de l'île - une zone bien plus large que son espace aérien.

Le ministère taïwanais de la Défense a dénoncé "une tentative de menacer nos ports et nos zones urbaines importantes, et de saper unilatéralement la paix et la stabilité régionales". "L'armée va assurément rester à son poste et protéger la sécurité nationale. Nous demandons au public d'être rassuré et de soutenir l'armée", a-t-il ajouté.

Sept décennies de conflit

Les tensions entre la Chine et Taïwan découlent d’un passé historique composé d'affrontements. La Chine estime que Taïwan est l'une de ses provinces, qu'elle n'a pas encore réussi à rattacher au reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise (1949).

Opposé à toute initiative donnant aux autorités taïwanaises une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays.

TRT Français et agences