La Chine lance son troisième porte-avions (AP)

Une cérémonie de lancement a été organisée en grande pompe vendredi dans un chantier naval de Shanghai, a annoncé l'agence de presse officielle Chine nouvelle.

Deuxième porte-avions à être entièrement fabriqué par la Chine, il est bien plus avancé du point de vue technologique que ses prédécesseurs, avec notamment un système, nouveau, de catapultage.

Chine nouvelle n'a pas précisé la date prévue pour l'entrée en service du bâtiment.

Mais sa remise aux forces navales ne s'effectuera qu'à l'issue de nombreux tests en mer et devrait intervenir ces prochaines années.

Le porte-avions a été baptisé "Fujian", du nom d'une province chinoise, à l'instar de ses prédécesseurs "Liaoning" et "Shandong".

La télévision publique CCTV a montré des centaines de membres de la marine en chemise, casquettes et pantalons blancs applaudir en rang, devant le porte-avions décoré de guirlandes de fanions sous la musique d'une fanfare.

Comme la tradition l'exige, une bouteille de champagne a été cassée sur la coque du navire, arrosée de part et d'autre par d'immenses jets d'eau.

Des feux d'artifices ont également été tirés.

Cette cérémonie survient au milieu de vives tensions sino-américaines autour de Taïwan, l'île peuplée de 24 millions d'habitants que la Chine considère comme son territoire historique.

"Déployé immédiatement"

Pékin voit d'un très mauvais œil le soutien appuyé de Washington au gouvernement taïwanais, issu d'un parti qui prône traditionnellement l'indépendance par rapport à la Chine.

Ce nouveau navire devrait également être perçu avec méfiance par les pays riverains (Japon, Philippines, Vietnam notamment) avec lesquels le géant asiatique a des différends territoriaux en mer de Chine orientale ou méridionale.

"La marine chinoise est susceptible d'utiliser ses porte-avions principalement pour de la dissuasion en temps de paix et pour des missions de haute intensité en temps de guerre", souligne Collin Koh, spécialiste de l'armée chinoise à l'Université de technologie de Nanyang, à Singapour.

"Avec trois porte-avions, au lieu d'une flotte symbolique d'un ou deux, elle en aura théoriquement au moins un d'opérationnel à un temps T, prêt à être déployé immédiatement selon les exigences des dirigeants chinois."

La Chine a des intérêts économiques croissants à l'étranger, qu'elle sera amenée à vouloir sécuriser. Avec un tel navire, elle envoie également un message de puissance aux Etats-Unis, aux autorités taïwanaises et aux riverains de la mer de Chine méridionale.

La marine chinoise a plusieurs fois fait passer ses porte-avions par le détroit de Taïwan, qui sépare le continent chinois de l'île.

Au niveau de la politique intérieure, "un porte-avions symbolise également la force du pays et alimente le discours du Parti communiste chinois (PCC) sur le grand relèvement national", le retour d'une Chine forte après des décennies de sous-développement, souligne Collin Koh.

Derrière les Etats-Unis

Principale évolution sur ce troisième porte-avions chinois par rapport aux deux précédents: il sera bien plus grand et dispose d'un système de catapultage, selon Chine nouvelle, qui sera électromagnétique - une technique de pointe.

Concrètement, il pourra propulser les appareils dans les airs grâce à une catapulte.

Les premiers porte-avions chinois n'avaient qu'un tremplin d'envol - une technique plus rudimentaire.

Avantage du catapultage: le Fujian "pourra non seulement embarquer davantage d'avions différents, mais les avions eux-mêmes auront la possibilité d'emporter des charges utiles bien plus importantes pour leurs sorties", notamment en matière d'armement, note M. Koh.

Selon Janes, l'agence de référence pour les informations militaires, les Etats-Unis sont de loin premiers en termes de porte-avions actuellement en service (11), devant la Chine (2), le Royaume-Uni (2), la Russie (1), la France (1), l'Italie (1), l'Inde (1) et la Thaïlande (1).

Le premier porte-avions chinois, le Liaoning, racheté à l'Ukraine et datant de l'ère soviétique, a été mis en service en 2012. Il a essentiellement servi de plate-forme d'entraînement.

Les connaissances accumulées ont ensuite servi à la construction du Shandong, le premier porte-avions construit par la Chine, mis à l'eau en 2017 et mis en service fin 2019.

AFP