France: nouvelle mobilisation contre une réforme des retraites / Photo: AFP (AFP)

Ces derniers espèrent une forte affluence pour cette nouvelle journée d'action organisée un samedi pour permettre aux salariés ne pouvant faire grève de participer aux manifestations. "Dépasser le million de manifestants ça serait un beau succès", a estimé Laurent Berger, patron du syndicat réformiste CFDT. De source policière, on s'attend à une participation comprise entre 600.000 et 800.000 personnes, dont 90.000 à 120.000 à Paris. Depuis le début de la contestation contre cette réforme phare du président Macron, actuellement discutée à l'Assemblée nationale dans un climat tendu, les syndicats se sont félicités d'une très forte mobilisation, même si le nombre de manifestants et de grévistes a décliné lors de la dernière journée d'action mardi. Entre 757.000 et 2 millions de manifestants ont été recensés selon les sources, contre entre 1,27 et plus de 2,5 millions le 31 janvier. Le coeur de la réforme, prévoyant un recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, est rejeté par une majorité de Français, selon les études d'opinion. Le gouvernement affiche sa détermination à mener à bien cette réforme. Au fil du temps, il a accepté quelques modifications sans remettre en cause le coeur du projet. Des propos vendredi d'Emmanuel Macron à Bruxelles ont déclenché une vive réaction des syndicats. "Responsabilité"

Dans une rare prise de parole sur ce sujet brûlant, le président a appelé les organisateurs de la contestation à conserver leur "esprit de responsabilité" afin que "les désaccords puissent s'exprimer, mais dans le calme, le respect des biens et des personnes, et avec une volonté de ne pas bloquer la vie du reste du pays". "Excusez-moi, mais bordel, on n'est pas responsables depuis le début?", s'est énervé Laurent Berger, alors que les mobilisations se sont déroulées jusqu'ici sans incidents notables. Il a pointé une forme de "mépris". "On pourrait lui renvoyer la politesse", a jugé de son côté le patron du syndicat CGT Philippe Martinez. "Quand il y a un tel mécontentement dans le pays et qu'on a l'esprit de responsabilité justement, eh bien, on écoute", a-t-il ajouté. L'intersyndicale, qui compte huit organisations, veut inscrire le mouvement dans la durée et a appelé à deux autres journées d'action les 16 février et 7 mars. M. Martinez a évoqué de possibles "grèves plus dures, plus nombreuses, plus massives et reconductibles". La Première ministre Elisabeth Borne, en première ligne, a de nouveau défendu jeudi la réforme, soulignant sa nécessité pour "assurer l'avenir du système de retraites" pour la population française. La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas sans que les systèmes de retraite ne soient complètement comparables. Le gouvernement a fait le choix d'allonger la durée de travail pour répondre à une dégradation financière des caisses de retraite et à un vieillissement de la population. Il défend son projet en le disant "porteur de progrès social", notamment via une revalorisation des petites retraites. Le gouvernement ne dispose pas d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale pour faire adopter son projet. Il compte notamment sur le soutien de la droite traditionnelle mais celui-ci n'est pas acquis à ce stade. Dans l'hémicycle, l'examen du texte depuis le début de la semaine par les députés n'a donné lieu pour l'instant qu'à des débats répétitifs et des invectives. "Ca serait bien que le Parlement devienne autre chose qu'un champ de foire", a glissé Laurent Berger, appelant à "débattre du fond". L'opposition de gauche a déposé des milliers d'amendements.

AFP