Famine à Gaza, dans l'attente d'un vote de l'ONU / Photo: AA (AA)

Depuis lundi, les membres du Conseil multiplient les reports, faute de pouvoir s'accorder sur un texte capable d'échapper à un veto des Etats-Unis, qui ont déjà bloqué deux précédentes résolutions ces dernières semaines.

Les discussions ont notamment bloqué sur le contrôle des convois humanitaires. Il devait initialement être confié à l'ONU seule, mais Israël, qui craint l'entrée d'armes dans l'enclave, veut maintenir son pouvoir de supervision sur les camions d'aide. Le vote du Conseil de sécurité est désormais prévu vendredi, selon des sources diplomatiques.

Les services des Nations Unies continuent eux d'alerter sur la crise humanitaire dans laquelle s'enfonce Gaza.

Un demi-million de personnes, soit près d'un quart de la population de ce territoire géré par le Hamas, sont confrontées à la famine, selon un rapport du système de surveillance de la faim de l'ONU. Et dans les six prochaines semaines, l'ensemble des 2,4 millions d'habitants risquent de se retrouver dans la même situation.

"Nous avertissons depuis des semaines qu'avec de telles privations et destructions, chaque jour qui passe ne fera qu'apporter plus de faim, de maladie et de désespoir à la population de Gaza", a réagi sur X le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths. "La guerre doit cesser."

Retrait de soldats

Les soldats de Golani, l'une des brigades d'infanterie d'élite d'Israël, se sont temporairement retirés de Gaza après avoir subi de lourdes pertes.

Le site Web Walla a déclaré qu'"après plus de 70 jours et la perte de 44 soldats, la brigade Golani a quitté Gaza pour quelques jours afin de rendre visite à leurs familles".

La chaîne de télévision Channel 12 a quant à elle rapporté que les soldats de la brigade Golani ont quitté Gaza après une bataille difficile de 9 jours dans le quartier de Shujaiyye, à l'est de la ville de Gaza, au cours de laquelle leur commandant, le lieutenant-colonel Tomer Greenberg, et 8 soldats ont été tués.

Aucun répit

Sur le terrain, aucun répit n'est en vue. Tôt vendredi, un bombardement israélien a fait 5 morts à Rafah (sud), selon le ministère de la Santé de Gaza.

L'armée israélienne assure avoir tué "plus de 2.000" combattants du Hamas dans la bande de Gaza depuis le 1er décembre. Jeudi, elle a bombardé intensément le territoire, avec 230 frappes en 24 heures, essentiellement concentrées sur le sud de l'enclave.

L'une d'elles a notamment ciblé le côté palestinien du point de passage de Kerem Shalom, faisant quatre morts et interrompant les activités des agences onusiennes pour acheminer l'aide humanitaire via cette route, récemment rouverte par Israël.

"Il n'y a pas d'endroit sûr, tout a été bombardé et les gens ont vraiment peur", a confié à l'AFPTV Mahmoud el Mash'hid, un homme déplacé par le conflit à Khan Younès (sud).

Deuxième trêve ?

Les efforts se poursuivent sur plusieurs fronts pour tenter de parvenir à une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël et l'acheminement de plus d'aides à Gaza.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, basé à Doha, se trouve au Caire pour des entretiens avec le médiateur égyptien. Ziad al-Nakhala, le chef du Jihad islamique, un autre mouvement qui combat au côté du Hamas et détient aussi des otages, devrait s'y rendre dans les prochains jours.

Israël dialogue avec le Qatar et les Etats-Unis, deux autres médiateurs.

Mais les positions des protagonistes restent très éloignées. Le Hamas pose comme préalable un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l'idée d'une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant "l'élimination" du Hamas.

L'objectif israélien d'éliminer le mouvement est "voué à l'échec", a déclaré jeudi dans un enregistrement sonore Abou Obeida, le porte-parole de la branche armée du Hamas. Il a de nouveau conditionné la libération des otages à "l'arrêt de l'agression" d'Israël.

Un haut responsable israélien a fait état de son côté d'une "sorte de progrès" après "des rencontres avec les Qataris à deux reprises la semaine dernière".

"Nous sommes prêts à négocier une nouvelle formule (pour) des libérations d'otages (...) Nous aurons alors besoin d'une pause humanitaire comme la première (fin novembre). Avant et après cela, nous restons engagés à réaliser notre objectif majeur, qui est de mettre fin à l'existence du Hamas", a-t-il dit sous le couvert de l'anonymat.

Souffrances

En attendant, les souffrances perdurent et les proches d'otages tremblent pour eux.

Les destructions occasionnées par les combats ont réduit le système hospitalier de Gaza en lambeaux. Seuls neuf des 36 hôpitaux du territoire fonctionnent encore en partie et tous se situent dans le sud du territoire palestinien assiégé, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"Même dans les hôpitaux, des gens avec des fractures ouvertes et en sang nous demandent de la nourriture", a raconté jeudi Sean Casey, un employé de l'Organisation mondiale de la Santé, après s'être rendu dans deux hôpitaux de Gaza, Al-Chifa et Al-Ahli. "Si ce n'est pas un signe de désespoir, je ne sais pas ce que c'est."

L'armée israélienne a elle annoncé vendredi la mort de deux nouveaux soldats. Elle a perdu 139 militaires depuis le début de son offensive terrestre le 27 octobre.

Tensions régionales

Au-delà de la bande de Gaza, le conflit continue d'alimenter les tensions au Proche-Orient.

Depuis le début de la guerre, les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah, allié du Hamas au Liban voisin, sont quasi-quotidiens à la frontière. Jeudi, une octogénaire a été tué et son mari blessé dans un bombardement israélien sur un village frontalier du sud du Liban, selon un média officiel.

Deux civils israéliens ont été légèrement blessés par des tirs du Hezbollah dans un secteur proche de la frontière libanaise, selon l'armée israélienne.

En mer Rouge, la menace d'attaques sur le trafic maritime international de la part des rebelles Houthis du Yémen - solidaires du Hamas - provoque un ralentissement du commerce mondial. Les principaux transporteurs n'empruntent plus cette autoroute de la mer, ce qui a poussé Le géant suédois du meuble Ikea a annoncé de possibles retards de livraison jeudi.

Plus de 20 pays ont désormais rejoint la coalition menée par les Etats-Unis pour défendre les navires en mer Rouge, selon le Pentagone.

Plus de deux mois de bombardements israéliens par air, mer et terre ont fait au moins 20.000 morts - majoritairement des femmes et des enfants - à Gaza, détruit des quartiers entiers et déplacé 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, d'après l'ONU.

Israël a juré de détruire le mouvement palestinien, après son attaque du 7 octobre.

Cette attaque a fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur le bilan israélien. Les commandos palestiniens ont en outre enlevé environ 250 personnes, dont 129 sont toujours retenues à Gaza, selon Israël.

Agences