Des dizaines de morts dans le bombardement israélien d'un camp de réfugiés à Gaza coupée du monde / Photo: AA (AA)

Selon le ministère de la Santé à Gaza, le bombardement mardi du camp de Jabaliya (116.000 réfugiés), dans le nord de l’enclave, a fait "plus de 50" morts et des centaines de blessés.

"C'était une scène de tremblement de terre", a rapporté un habitant du camp, Ragheb Aqel, âgé de 41 ans.

L'armée israélienne a confirmé ce bombardement précisant qu'il avait visé avec succès Ibrahim Biari, présenté comme un des responsables de l'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

"Nous avons pu atteindre Ibrahim Biari. Les infrastructures souterraines utilisées par le Hamas (...) se sont également effondrées", a affirmé Jonathan Conricus, porte-parole des forces israéliennes.

Concernant les civils, il a souligné que l'armée les avait appelés à évacuer à de nombreuses reprises le nord de la bande de Gaza, une "zone de guerre". Il a ajouté espérer qu'ils "prendront la bonne décision et évacueront vers les zones plus sûres du sud".

Mais le sud est aussi régulièrement soumis aux bombardements israéliens depuis le début du conflit, ne laissant "aucun endroit sûr" où se réfugier, ont dénoncé l'ONU et les agences humanitaires.

9 soldats israéliens tués

De l’autre côté, neuf soldats israéliens ont été tués et quatre autres grièvement blessés, dans des combats dans le nord de la bande de Gaza, a annoncé l'armée israélienne.

Des quotidiens israéliens dont Yediot Aharonot et Maariv ont rapporté que “le porte-parole de l’armée israélienne a autorisé la publication des noms de neuf soldats tués dans les combats qui ont eu lieu mardi dans la bande de Gaza. En outre, quatre militaires ont été grièvement blessés”.

“Neuf soldats de la brigade Givati ​​​​(une unité d'infanterie de l'armée d'Israël) ont été tués dans une attaque au missile antichar dans la bande de Gaza”, a indiqué Maariv, sans donner plus de détails.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, avait recensé, mardi, la mort de 350 militaires et fait état de 240 otages aux mains du Hamas, lors de son point de presse quotidien.

Rappel d'ambassadeurs

L'Arabie saoudite a condamné mercredi "avec la plus grande fermeté" le bombardement sur Jabaliya, qui "a tué et blessé un grand nombre de civils innocents".

Le Qatar, impliqué dans les tentatives de résolution de la crise des otages aux mains du Hamas, a condamné "un nouveau massacre", et mis en garde contre des opérations susceptibles de "saper les efforts de médiation".

Mardi soir, la Bolivie a annoncé rompre ses relations diplomatiques avec Israël, pour dénoncer "son offensive (...) disproportionnée", selon elle. Le Chili et la Colombie ont eux annoncé rappeler leurs ambassadeurs à Tel-Aviv.

La guerre a déjà fait 8.525 personnes côté palestinien, en majorité des civils.

La bande de Gaza, où selon le Hamas 3.542 enfants ont été tués, est devenue "un cimetière pour des milliers d'enfants", ont déploré les Nations unies.

Depuis ce week-end, l'armée israélienne déploie progressivement des troupes au sol à Gaza, où des "combats féroces" les opposent au Hamas, et intensifie ses frappes aériennes sur Gaza. Elle a affirmé mardi que des dizaines de combattants palestiniens avaient été tués au cours des dernières heures et annoncé mercredi la mort de neuf de ses soldats, après deux morts annoncées mardi.

De son côté, la branche militaire du Hamas a affirmé avoir ciblé "deux blindés" avec des obus antichars, menaçant de faire de la bande de Gaza "un cimetière et un bourbier" pour les soldats israéliens.

Au moins 240 otages sont encore aux mains du mouvement palestinien. La branche militaire du Hamas a assuré mardi qu'elle se tenait prête à libérer "un certain nombre d'étrangers dans les prochains jours".

Près d'un mois après le début de la guerre, les appels à une "trêve humanitaire" pour soulager les souffrances des 2,4 millions d'habitants de Gaza, soumis à un siège qui les prive de livraisons d'eau, de nourriture et d'électricité, restent sans suite. L'opérateur télécom palestinien Paltel a annoncé mercredi par ailleurs une coupure "totale" des lignes téléphoniques et d'internet.

Le Haut Commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a imploré mardi le Conseil de sécurité de "surmonter" ses fractures afin d'"exiger" un cessez-le-feu".

"Le minimum qu'ils pourraient nous accorder, c'est une trêve, donnez-nous ne serait-ce que trois heures", supplie Ahmed al-Kahlout, 50 ans, à Gaza-ville.

Selon le Cogat, l'organe du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens, 70 camions d'aide humanitaire sont entrés à Gaza mardi. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha) a évoqué lui 143 camions entrés entre le 21 octobre et lundi soir.

La situation des hôpitaux inquiète également les ONG, alors que les patients manquent de médicaments.

Les autorités égyptiennes ont annoncé qu'elles étaient prêtes à accueillir mercredi 81 blessés palestiniens via le point de passage de Rafah.

La guerre a également exacerbé les tensions en Cisjordanie occupée, où deux Palestiniens, dont un septuagénaire, ont été tués mardi par des tirs de l'armée israélienne, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne.

Au moins 122 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre en Cisjordanie par des tirs de soldats et de colons israéliens, d'après la même source.

Le chef de la diplomatie de l'UE Josep Borrell a "fermement" condamné mardi les attaques commises "par des colons israéliens contre des Palestiniens".

A la frontière israélo-libanaise, où les accrochages sont quotidiens, l'armée israélienne a affirmé mardi avoir effectué de nouvelles frappes aériennes visant le Hezbollah, allié du Hamas.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken doit se rendre vendredi en Israël, dans le cadre d'une nouvelle tournée régionale.

Lors d'une audition mardi au Congrès, il a affirmé que l'Autorité palestinienne devrait reprendre le contrôle de la bande de Gaza au Hamas, et que des tierces parties internationales pourraient peut-être jouer un rôle lors d'une période intérimaire.

TRT Français et agences