Des leaders africains à un sommet de l’UA  à Addis-Abeba (Others)

Depuis le déclenchement du dernier épisode de la guerre entre Israël et les factions armées palestiniennes, le 7 octobre dernier, il y a comme un sentiment de malaise en Afrique. Les États du continent s’expriment peu ou alors avec beaucoup de précautions, de mesure. La plupart des Africains sont solidaires de la cause palestinienne ou entretiennent des bonnes relations avec Israël.

"Avant le 7 octobre, il n'y avait véritablement pas de problème majeur dans les relations que l’Afrique entretient avec Israël d’une part et la Palestine d’autre part. "L’attaque du Hamas a changé la donne", analyse le diplomate et auteur Paul Batibolak dans un entretien avec TRT Français.

Dans un communiqué publié dès le soir du 7 octobre, l’Union africaine (UA) à travers le président de sa Commission Moussa Faki Mahamat, s’est essayée à un véritable exercice d’équilibriste en reflétant autant que faire se peut le point de vue des États membres.

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D’emblée, l’Union a prôné le retour "sans conditions préalables à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe de deux États ".

La " dénégation des droits fondamentaux du peuple palestinien, notamment d’un État indépendant et souverain, est la cause principale de la permanente tension israélo-palestinienne ", a-t-elle ajouté, invitant "la communauté internationale, et les grandes puissances mondiales en particulier, à assumer leurs responsabilités pour imposer la paix et garantir les droits des deux peuples".

"En tant que continent, l’Afrique a toujours prôné le dialogue et devrait maintenir le cap, encourager les parties à moins de violence et à plus de dialogue", a renchéri le diplomate Paul Bitibolak.

"Il y a l’histoire récente de l’Ukraine qui oblige l’Afrique à être prudente et consistante. En tant qu’Union africaine, elle reste prudente et laisse les États s’exprimer au niveau national. En fonction du niveau de complexité, les États vont se prononcer éventuellement s’il y a un vote au niveau des Nations unies."

Au-delà du polissage de l’Union africaine, des points de ruptures transparaissent lorsque chaque pays exprime sa position.

Les pays qui interpellent frontalement Israël

Le ton utilisé par certains pays pour interpeller Israël, est parfois à la limite de la courtoisie diplomatique.

Djibouti — qui ne reconnait pas Israël, "tient l’État d’Israël pour responsable de l’escalade en cours en raison des agressions continues et violations constantes des droits du peuple palestinien et de ses lieux saints…", d’après un communiqué officiel.

"Djibouti insiste sur la nécessité d’une action urgente de la communauté internationale pour contraindre Israël à mettre fin à ses provocations et à ses flagrantes violations du droit international, et pour empêcher que ces événements ne servent de prétexte à l’allumage d’un nouveau conflit inégal contre les civils palestiniens", souligne la même source.

Sans nuances diplomatiques, l’Afrique du Sud, bien que partisane de la désescalade, met à l’index l’État israélien.

"La nouvelle conflagration, explique le communiqué du Département des Relations Internationales et de la Coopération de l’Afrique du Sud, est née de l’occupation illégale continue des terres palestiniennes, de l’expansion continue des colonies, de la profanation de la mosquée Al-Aqsa et des lieux saints chrétiens et de l’oppression continue du peuple palestinien. "

L’Afrique du Sud qui compare la situation des Palestiniens sous occupation israélienne à l’expérience de la période d’apartheid est convaincue que "La région a désespérément besoin d’un processus de paix crédible qui réponde aux appels de la pléthore de résolutions précédentes de l’ONU en faveur d’une solution à deux États et d’une paix juste et globale entre Israël et la Palestine."

L’Algérie qui se situe dans le même sillage, a la conviction, d’après le communiqué du ministère des Affaires étrangères, que " (…) l’occupation coloniale sioniste est au cœur du conflit arabo-israélien et que la fin des fléaux et tragédies, adversités résultant de ce conflit réside incontestablement dans la réponse aux droits nationaux légitimes du peuple palestinien et dans son habilitation à établir son statut indépendant sur les frontières de 1967 avec Al-Quds Al Sharif [l’un des noms arabes de Jérusalem] comme capitale."

Les pays qui ont apporté leur soutien à Israël

La République démocratique du Congo a d’emblée exprimé sans nuances tout son soutien à Israël et condamné le Hamas. Le Cameroun, le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Ghana, le Togo, le Kenya, le Rwanda, l’Ouganda, le Botswana, la République Démocratique du Congo, le Soudan du Sud, Madagascar, la Zambie, la Tanzanie, le Malawi se situent dans la même lignée.

Les pays qui encouragent la désescalade

En réalité, tous les pays africains sont favorables à une résolution pacifique du problème palestinien. Mais certains se sont limités à regretter le pourrissement de la situation actuelle et souhaiter un retour à la normale…

C’est dans cette catégorie qu’on peut classer le Nigeria, la Namibie, l’Angola, la Guinée, le Maroc, la Tanzanie et l'Ouganda notamment.

L’Égypte, négociateur traditionnel entre les Palestiniens et Israël, s’active pour un cessez-le-feu et l’intensification de la réponse humanitaire à Gaza.

Ils gardent le silence

Les pays du Sahel (à l’exception du Mali (qui a apporté lundi son soutien à la Palestine) ou de la corne de l’Afrique, aux prises avec des mouvements terroristes, se font très discrets. Ils se sont abstenus d’exprimer publiquement leurs positions.

La prudence des officiels africains semble trancher avec les opinions publiques sur le continent. Même si les manifestations de rues ne sont pas en vue comme en Afrique du Nord, il n’en demeure pas moins vrai que la sympathie pour les populations palestiniennes transparait, dans les débats radiophoniques.


TRT Francais