Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres / Photo: AFP (AFP)

Malgré la pression du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un "effondrement total de l'ordre public" dans l’enclave palestinienne en guerre, un projet de texte réclamant ce cessez-le-feu humanitaire s'est heurté vendredi au Conseil de sécurité à un véto des Etats-Unis, puissant allié d'Israël.

Le Conseil avait déjà mis plus d'un mois après le début de la guerre d’Israël contre Gaza pour réussir à parler d'une seule voix, se contentant mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des "pauses" humanitaires.

De nombreux pays et organisations de défense des droits humains ont déploré l'échec de vendredi, y compris Antonio Guterres qui a décrit dimanche un Conseil de sécurité à l'autorité et la crédibilité "compromises".

L'ONU ne cesse d'alerter sur la situation catastrophique à Gaza, où le système humanitaire est "au point de rupture".

"Certains ne voient pas la réalité telle qu'elle est", a dénoncé l'ambassadeur palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, vendredi après le véto américain.

"Mais à la fin, ils céderont sous la pression massive de l'humanité, d'un bout à l'autre du globe", a-t-il espéré.

"Messages très importants"

Pour maintenir cette pression, les pays arabes ont réclamé une nouvelle réunion spéciale de l'Assemblée générale mardi après-midi, juste après la visite de plus d'une dizaine d'ambassadeurs du Conseil de sécurité prévue au point de passage de Rafah, entre l'Egypte et Gaza.

Le projet de texte, consulté par l'AFP, reprend en grande partie la résolution bloquée au Conseil de sécurité vendredi par les Etats-Unis.

S'inquiétant de la "situation humanitaire catastrophique dans la bande de Gaza", il "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat", réclame la protection des civils, l'accès humanitaire et la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

Mais comme le texte adopté par l'Assemblée générale fin octobre -qui appelait à une "trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités" --, il ne condamne pas le Hamas. Une absence systématiquement fustigée par Israël et les Etats-Unis.

Cette précédente résolution avait recueilli 120 voix pour, 14 contre (dont Israël et Etats-Unis) et 45 abstentions, sur 193 Etats membres.

Les appels à un cessez-le-feu se multipliant, "on peut anticiper que la majorité sera plus grande" cette fois, a indiqué à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

Elle se rapprocherait alors peut-être des quelque 140 voix qui ont plusieurs fois dénoncé l'invasion de l'Ukraine, un résultat que les Etats-Unis avaient vu comme une preuve de l'isolement de la Russie.

Mais même avec un soutien massif à un texte non-contraignant, "personne n'imagine que l'Assemblée générale puisse persuader Israël de cesser le feu, comme elle ne peut ordonner à Poutine de quitter l'Ukraine", a commenté Richard Gowan.

Même si le Conseil de sécurité est "au coeur de notre travail pour la paix et la sécurité", "les messages (de l'Assemblée générale) sont aussi très importants", a tempéré lundi Stéphane Dujarric, porte-parole d'Antonio Guterres.

Agences