L'ancien ministre est accusé par le plaignant d'avoir pris une décision discriminatoire (Reuters)

Une enquête judiciaire pour discrimination à raison de la religion a été ouverte, le 6 juillet courant, à l'encontre de Christophe Castaner, ancien ministre français de l'Intérieur.

Selon l'information rapportée mercredi par le Journal du Dimanche (JDD), l'ancien ministre, récemment battu aux élections législatives, fait l'objet d'une information judiciaire ouverte par la Cour de Justice de la République (CJR) et confiée au Procureur général.

En 2019, suite à l'attentat terroriste meurtrier commis le 3 octobre par un informaticien de la préfecture de police de Paris, le ministre de l'Intérieur ordonne l'ouverture d'enquêtes approfondies pour détecter les profils potentiellement "radicalisés" au sein des fonctionnaires et employés de l'État.

Le 28 octobre, Hervé C, "un capitaine de police converti à l’Islam et travaillant au Fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions terroristes (FIJAIT) à la police judiciaire de Paris" est suspendu par le ministère de l'Intérieur, après un signalement, rapporte le JDD. Le journal précise que le capitaine de police sera réintégré, quatre mois plus tard, mais muté à un poste dans la lutte contre la fraude fiscale.

Par la suite, le policier a porté plainte auprès de la CJR, pour "discrimination à raison de l'appartenance à une religion et harcèlement moral", menant la cour habilitée à juger les membres du gouvernement pour les délits commis dans leurs fonctions, à ouvrir une enquête à l'encontre de Christophe Castaner.

L'ancien ministre est accusé par le plaignant d'avoir pris une décision discriminatoire et de l'avoir muté pour ne pas "laisser une personne de confession musulmane en charge du FIJAIT", malgré les excellents résultats de ses évaluations précédentes.

Le JDD note que Hervé C s'appuie, par ailleurs, sur une enquête de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) qui avait conclu, le 8 juin 2020, à "aucun manquement ni aucun prosélytisme".

Le journal note que lors d’une audience devant le tribunal administratif en juin 2021, le ministère de l'Intérieur avait justifié ses décisions par "une pratique religieuse radicale, incompatible avec la vie de l'unité et au-delà même avec les exigences de laïcité de ses missions républicaines et de service public".

Le JDD précise que le tribunal administratif avait annulé, quelques mois plus tard, les mesures prises à l'encontre du capitaine de police.

AA