France: la contestation de la réforme des retraites entre dans une nouvelle phase / Photo: AFP (AFP)

Les organisations syndicales, unies dans leur rejet du relèvement à 64 ans de l'âge légal de la retraite, contre 62 ans actuellement, entendent profiter de ce nouvel acte pour durcir le mouvement débuté en janvier.

D'ores et déjà, certains syndicats, comme la CGT Mines et Energie (FNME-CGT), ont entamé vendredi une grève reconductible. D'autres secteurs pourraient suivre à partir de ce mardi, notamment dans les transports publics et les raffineries.

Le ministre des Transports, Clément Beaune, a prévenu que mardi serait "une des journées les plus difficiles qu'on ait connues". La SNCF et la RATP, où les syndicats ont appelé à reconduire la grève, ont annoncé un trafic "très fortement perturbé" mardi comme mercredi.

Plusieurs représentants CGT au sein de groupes pétroliers, dont TotalEnergies, ont également indiqué à Reuters que des grèves reconductibles seraient lancées dès mardi, prévenant du risque de pénurie.

"Nos actions vont faire que, très rapidement, de très grosses difficultés d'approvisionnement vont être rencontrées", a averti Lionel Ardiol, élu CGT chez ExxonMobil sur le site de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Le trafic aérien dans les aéroports parisiens sera réduit mardi et mercredi de 20% à 30% tandis que, dans l'enseignement, les principaux syndicats ont appelé à des "grèves massives" ainsi qu'à une mobilisation pour mercredi à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, alors que le projet de réforme est perçu comme plus injuste pour celles-ci.

L'intersyndicale espère une mobilisation encore plus importante que lors de la journée du 31 janvier qui avait réuni quelque 1,27 million de personnes dans la rue à travers le pays, selon les estimations du ministère de l'Intérieur, dont 87.000 manifestants à Paris.

"Je pense qu'on peut faire plus fort que le 31 janvier dernier", a estimé le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, sur France Inter lundi.

"J'appelle les salariés, les citoyens et les retraités à venir manifester massivement", a-t-il ajouté.

"Impact pour l'économie"

Jusqu'à présent, le gouvernement a fait profil bas face à la contestation, laissant l'examen du projet de cette réforme très impopulaire se dérouler au Parlement, où les sénateurs ont jusqu'à dimanche pour se prononcer.

Mais face au durcissement attendu de la mobilisation, l'inquiétude semble gagner l'exécutif.

Lundi, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, est ainsi revenu sur ses propos polémiques après le conseil des ministres la semaine dernière où il avait jugé que "mettre la France à l'arrêt" reviendrait notamment à "prendre le risque d'une catastrophe écologique, agricole, sanitaire" - un ton alarmiste qui avait été vivement critiqué par les opposants à la réforme des retraites.

"Mon message est mal passé, j'aurais dû le formuler autrement", a-t-il reconnu sur France 2, maintenant néanmoins son message sur le fond.

"Une France à l'arrêt dans la durée, je le redis, a un impact pour le quotidien des Français mais aussi un impact pour l'économie de notre pays au moment où (...) nous faisons reculer le chômage", a prévenu Olivier Véran.

L'intersyndicale rejette pour sa part la responsabilité du blocage sur le gouvernement et l'absence de réaction de celui-ci face à la contestation.

"Le président de la République ne peut pas rester sourd, on ne peut pas avoir ce silence maintenant qui dure depuis deux mois", a déploré lundi Laurent Berger, regrettant que l'intersyndicale n'ait été "reçue collectivement par personne" au sein de l'exécutif depuis le début de sa mobilisation.

Face à la contestation, l'argument de la survie financière du système de retraites reste le mot d'ordre du gouvernement.

"J'entends que peu de Français aient envie de travailler deux ans de plus mais c'est une nécessité pour préserver notre système de retraites", a plaidé lundi soir la Première ministre Elisabeth Borne sur France 5.

Reuters