Guterres: quelque 2 milliards de musulmans dans le monde sont confrontés au sectarisme et aux préjugés / Photo: AA (AA)

Les Nations unies ont déclaré le 15 mars Journée internationale de lutte contre l'islamophobie dans le but de prendre "des mesures concrètes face à la montée de la haine, de la discrimination et de la violence à l'encontre des musulmans".

"Je pense que nous avons vraiment un problème, un gros problème, pour que les Nations unies reconnaissent que l'islamophobie est un problème mondial et s'y opposent", a déclaré Heisam Galyon, membre de l'Islamic Society of Greater Houston (Société islamique du Grand Houston).

Dans un entretien avec Anadolu, M. Galyon a expliqué que la seule façon de s'attaquer à l'islamophobie était de faire passer le message au monde entier, ce qui est exactement ce que font les Nations unies.

Si M. Galyon reconnaît que la discrimination à l'encontre des musulmans est un problème ancien, il estime que la prévalence de l'islamophobie est apparue au grand jour aux États-Unis immédiatement après les attentats du 11 septembre 2001.

"Ils nous ont vus comme des terroristes, comme Oussama ben Laden", a-t-il remarqué.

"Cela a vraiment fait beaucoup de mal aux musulmans des États-Unis. Des gens qui avaient des opinions neutres sur l'islam ont soudain développé des opinions négatives à leur égard, tout comme après Pearl Harbor pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque les États-Unis ont créé des camps d'internement et discriminé la communauté japonaise vivant en Amérique.

En déclarant mercredi dernier la Journée internationale contre l'islamophobie, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a affrimé que les quelque 2 milliards de musulmans dans le monde "sont confrontés au sectarisme et aux préjugés simplement en raison de leur foi" et que les femmes musulmanes souffrent d'une "triple discrimination" en raison de leur sexe, de leur appartenance ethnique et de leur foi.

Islamophobie et xénophobie

"L'islamophobie est enracinée dans la xénophobie, ou la peur des étrangers, qui se traduit par des pratiques discriminatoires, des interdictions de voyager, des discours de haine, des brimades et le ciblage d'autres personnes", note, pour sa part, le président de l'Assemblée générale des Nations unies, Csaba Korosi, qui a exhorté les pays à défendre la liberté de religion et à prendre des mesures pour lutter contre la haine.

"Nous avons tous la responsabilité de lutter contre l'islamophobie ou tout autre phénomène similaire, de dénoncer l'injustice et de condamner la discrimination fondée sur la religion ou les convictions - ou l'absence de religion ou de convictions", a déclaré M. Korosi.

Les Nations unies ont appelé tous les pays à "faire face au sectarisme où et quand il se manifeste", y compris en s'attaquant aux discours de haine en ligne, ajoutant que l’organisation travaille avec les gouvernements, les régulateurs, les médias et les entreprises de technologie "pour établir des garde-fous et les faire respecter".

M. Ibrahim a déclaré à Anadolu par téléphone que l'islamophobie aux États-Unis n'était plus aussi extrême qu'elle l'était il y a plus de vingt ans, après le 11 septembre. Il a ajouté que "la discrimination et l'aliénation des musulmans sont toujours des problèmes de société" qui doivent être traités.

"S'agenouiller, prier et porter un hijab sont devenus des symboles négatifs de jugement dans le monde entier, et pas seulement aux États-Unis", a déclaré M. Ibrahim, qui a ajouté que l'islamophobie touche les musulmans dans tous les pays, de l'Europe à la Russie, en passant par l'Inde et la Chine.

M. Ibrahim a souligné que la "meilleure façon" de lutter contre l'islamophobie est de faire la lumière sur le problème et d'éduquer le public à la tolérance, à la compréhension et à la gentillesse.

"Que cette journée internationale serve de catalyseur (...) la lutte contre l'islamophobie et la discrimination doit se poursuivre tous les jours.

Une voie à double sens

Toutefois, M. Ibrahim estime que la tolérance est une voie à double sens. De même que les non-musulmans doivent comprendre une religion et un mode de vie différents, les musulmans doivent eux aussi faire preuve de tolérance à l'égard des autres religions et de leurs pratiques.

Cela dit, M. Ibrahim estime que l'islamophobie reste un problème majeur pour les États-Unis et le reste du monde.

"Je pense que 99 % des musulmans sont bons et qu'il n'y a que 1 % de mauvais, comme dans n'importe quelle autre communauté", estime Ibrahim. "Mais je crains qu'il suffise d'un instant, d'un incident négatif, pour que l'islamophobie extrême reprenne le dessus, pour que la haine et la discrimination sous-jacentes dans la société remontent à la surface", a-t-il ajouté.

MM. Ibrahim et Galyon sont tous deux convaincus que la voie à suivre pour lutter contre l'islamophobie dans le monde nécessitera beaucoup de travail de la part de toutes les parties.

AA