Macron et Erdogan : un nouveau départ ? (Reuters)

« Tensions avec Ankara : Macron veut ‘avancer’ avec Erdogan ». C’est le titre que la presse française a privilégié après la rencontre des présidents français et turc qui ont exprimé leur « volonté » de « travailler ensemble » avant le sommet de l’OTAN à Bruxelles ayant eu lieu le 24 mars. Ce rapprochement entre les deux leaders intervient après une longue période de haut et de bas dans les relations franco-turques.

L’année 2022 est plus globalement marquée par d’importants changements dans la politique étrangère turque. La Turquie s’est engagée dans une démarche de normalisation de ses relations avec de nombreux pays tels qu’Israël et les Emirats arabes unis. Le Premier ministre grec s’est également rendu le 13 mars à Istanbul pour rencontrer le président Erdogan. A l'issue de la rencontre, « il a été convenu (...) de maintenir ouverts les canaux de communication et d'améliorer les relations bilatérales », a annoncé la présidence turque. Le rapprochement entre le président Erdogan et son homologue français s’inscrit donc dans ce nouvel élan diplomatique de la Turquie.

Si la Turquie a initié une nouvelle ère dans sa politique étrangère, la France, de son côté, a décidé de se montrer plus conciliante vis-à-vis de la Turquie. Deux événements majeurs en sont la preuve : D’une part, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a déclaré que « la France et l'Italie pensent, plus sérieusement, à une fabrication commune du système de défense aérienne SAMP/T sur le territoire turc ». D’autre part, le président français Emmanuel Macron a fait savoir que la France comptait lancer une opération humanitaire avec la Turquie et la Grèce en Ukraine.

Sécurité et énergies : la Turquie s’avère indispensable pour l’Europe

Si de tels développements importants ont pu survenir c’est principalement en relation avec l’offensive russe en Ukraine, qui a chamboulé tous les équilibres géopolitiques. D’une certaine manière, l’Europe se sentait épargnée des conflits et guerres dans le monde. Le conflit russo-ukrainien a fait de la question de la sécurité une priorité absolue pour les pays européens. Alors que l'Allemagne a débloqué une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée, elle a fait le choix d’acheter des F-35, décevant ainsi ses partenaires européens qui rêvent d’une « Europe de la défense ». Quant au président Macron qui avait annoncé que l’OTAN était « en état de mort cérébrale » et qui avait lancé l’idée de création d’une « armée européenne », il s’est rendu compte des limites d’une telle ambition difficilement réalisable sur le court terme.

Pendant ce temps la Turquie est devenue un acteur de plus en plus incontournable sur la scène internationale. Que ce soit par son poids au sein de l’OTAN avec la deuxième armée la plus importante en termes d’effectifs que par son rôle clé de médiation entre la Russie et l’Ukraine, elle s’avère de plus en plus indispensable dans le nouvel échiquier mondial.

C’est dans un tel contexte que le chef d’Etat français a fait un pas vers son homologue turc. Face à un monde en pleine transformation et déterminé à rester encore 5 ans au pouvoir, Macron semble vouloir ouvrir une nouvelle page avec un pays aussi crucial que la Turquie.

TRT Francais