Les États-Unis ont annoncé le retrait temporaire des soldats du Tchad, quelques jours après une lettre du chef d’état-major de l’armée de l’air tchadienne, soulignant une absence de document pour justifier leur présence.
Au Tchad, les États-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Sahel.
"L'Africom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse, jeudi, le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, en référence au commandement militaire américain pour l'Afrique.
"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.
Le départ d'environ 75 membres des forces spéciales américaines doit démarrer ce week-end et être bouclé en quelques jours, rapporte le New York Times, citant des responsables américains.
"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP, le porte-parole du gouvernement tchadien.
"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.
Dans un courrier au ministre des Armées , le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé, début avril, le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.
Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.
"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", avait écrit le haut responsable militaire.
- "Possibilité d'un retour" -
"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a toutefois insisté le porte-parole du gouvernement.
"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore avancé Abderaman Koulamallah.
Au Niger, autre pivot de la stratégie des États-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé, en mars dernier, l'accord de coopération militaire en vigueur avec les États-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".
Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des quelque 1.000 soldats américains présents dans le pays.
Les États-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.
Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait indiqué, lundi, Pat Ryder après l'annonce, la semaine dernière, du retrait américain du Niger.
Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno avait annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé et muselé l'opposition, éliminant toute concurrence.
Il avait été proclamé, par l'armée, président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel a régné d'une main de fer sur le Tchad pendant 30 ans.
Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué, fin février, par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.