Manifestations à Paris, mardi 28 mars / Photo: Reuters (Reuters)

Des heurts avec les forces de l'ordre et dégradations ont émaillé les cortèges dans plusieurs villes, dont Paris. Un total de 201 personnes ont été interpellées et 175 policiers et gendarmes ont été blessés, a indiqué le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, dans un bilan communiqué à 23H30 (21H30 GMT).

Le ministère de l'Intérieur a évalué à 740.000 le nombre de manifestants, dont 93.000 à Paris. Le 23 mars, lors de la précédente journée de mobilisation, ils étaient plus d'un million sur tout le territoire, dont 119.000 dans la capitale.

Le syndicat CGT a de son côté fait état de 2 millions de manifestants, contre 3,5 millions jeudi dernier. A Paris, ils étaient 450.000 mardi, contre 800.000 manifestants il y a cinq jours, selon la même source.

Les marches ont également été moins violentes. Des affrontements étaient craints après ceux ayant opposé samedi manifestants et forces de l'ordre dans une région rurale du centre de la France sur fond d'hostilité à un projet de retenue d'eau.

A Paris, les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser un groupe de casseurs, dont certains, vêtus de noir et visages masqués, ont pillé un commerce et allumé un feu de poubelles, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La police avait fait état de 55 interpellations dans la capitale vers 20h30 locales (18h30 GMT).

Les syndicats français ont appelé mardi à une onzième journée de "grève et de manifestations" le jeudi 6 avril partout dans le pays.

Peu après cette annonce, la Première ministre Elisabeth Borne a invité les syndicats à une rencontre "lundi ou mardi" prochain, a indiqué le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT Laurent Berger.

Un "mail lapidaire", selon M. Berger, qui "ira discuter des retraites".

Une responsable du syndicat Solidaires, Murielle Guilbert, a dit pour sa part vouloir mettre "des conditions avant de s'asseoir à une table".

Bouteilles d'acide

La préfecture des Ardennes (est) a dénoncé mardi des "violences graves" en marge de la manifestation qui a réuni 4.000 personnes à Charleville-Mézières, déplorant des jets de projectiles sur les forces de l'ordre, dont des "bouteilles d'acide", et annonçant 18 interpellations.

Quelque 49 personnes ont été interpellées à Nantes (ouest), où une agence bancaire a été incendiée et le tribunal administratif visé, et six à Rennes (ouest), où de nombreuses dégradations ont eu lieu, selon les autorités.

Dans l'est, Strasbourg, Besançon et Nancy ont aussi connu des échauffourées. A Toulouse (sud-ouest), les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau.

L'opposition à cette réforme emblématique du second quinquennat d'Emmanuel Macron, qui retarde l'âge de départ de 62 à 64 ans, s'est radicalisée depuis que le gouvernement a fait passer le texte sans vote à l'Assemblée, s'exposant à des motions de censure qui ont échoué le 20 mars à le renverser.

De nombreux policiers, gendarmes, casseurs et manifestants ont depuis été blessés et des bâtiments publics incendiés, avec notamment des petits groupes de casseurs opérant de nuit.

Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a assuré mercredi que l'exécutif était "le rempart à la violence illégitime".

Parallèlement, les blocages, piquets de grèves et manifestations continuent, perturbant l'approvisionnement en carburant et certains axes routiers ou dépôts logistiques.

La circulation des trains a été fortement perturbée mardi. L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à une partie de leurs vols jeudi et vendredi, notamment à Paris-Orly, en raison de la grève des contrôleurs aériens.

Plus de 15% des stations-service de France étaient lundi à court d'essence ou de gazole.

A Paris, la Tour Eiffel et l'Arc de Triomphe sont fermés pour cause de grève, tout comme le château de Versailles.

Et des milliers de tonnes d'ordures, qui servent de combustibles à des groupes de casseurs le soir, défigurent toujours la capitale française après plus de trois semaines de grève des éboueurs. Mais les syndicats ont annoncé la "suspension" de leur mouvement à partir de mercredi.

"Nul besoin de médiation"

Tout en restant inflexible sur la réforme, le gouvernement clame sa volonté d'"apaisement". Elisabeth Borne a ouvert lundi trois semaines de consultations, avec les parlementaires, les partis politiques, les élus locaux et les partenaires sociaux.

Les syndicats, qui ont mis en garde contre un dérapage incontrôlé de la contestation, n'entendent pas renoncer sur l'âge de départ à la retraite, clé de voûte de leurs mots d'ordre depuis janvier.

Le leader de la CFDT Laurent Berger, qui réclame une "pause", dans cette réforme, a demandé mardi à l'exécutif de mettre en place une "médiation" pour "trouver une voie de sortie". "La France ne se mène pas à coups de trique", a de son côté prévenu Jean-Luc Mélenchon, le héraut de la gauche radicale.

"Nul besoin de médiation", a rétorqué le porte-parole du gouvernement, qui se dit prêt à négocier sur tout un tas de sujets liés au travail. Il estime cependant que la réforme est passée et que son sort est entre les mains du Conseil constitutionnel.

Agences