Qu'est-ce que le corridor de Philadelphie qu’Israël veut contrôler ? / Photo: AP Archive (AP Archive)

Le gouvernement israélien avait déclaré, à plusieurs reprises, vouloir prendre le contrôle de l'ensemble de la zone frontalière entre Gaza et l'Égypte, signalant ainsi que sa guerre brutale contre Gaza est loin d'être terminée.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé lors d'une conférence de presse hebdomadaire samedi que le corridor de Philadelphie doit être “entre les mains d’Israël" et fermé pour assurer la “sécurité” souhaitée par Tel-Aviv.

La guerre d'Israël contre l'enclave assiégée a tué plus de 23 000 Palestiniens. Alors que les combats entrent dans leur 15e semaine, que savez-vous du corridor de Philadelphie, pourquoi Israël veut-il le contrôler et quelles pourraient en être les implications ?

Zone tampon

Le corridor de Philadelphie, également connu sous le nom de route de Philadelphie, est la bande longue de 14 km (8,7 miles) qui représente l'ensemble de la zone frontalière entre Gaza et l'Égypte.

Il a été établi comme une zone tampon contrôlée et patrouillée par les forces armées israéliennes dans le cadre du traité de paix de 1979 avec l'Égypte qui a mis fin à l'occupation israélienne de la péninsule du Sinaï et rouvert le canal de Suez.

Son objectif déclaré était d'empêcher que des armes et du matériel militaire “ne tombent entre les mains des Palestiniens dans la bande de Gaza”, occupée par Israël, et d'empêcher les déplacements de personnes entre les territoires palestiniens et l'Égypte.

"Le corridor doit être fermé. Il est clair qu'aucun autre arrangement ne garantirait la démilitarisation que nous recherchons", avait soutenu Netanyahu fin décembre, signalant également que la guerre pourrait durer encore de nombreux mois.

Quelle est la position de l'Égypte à ce sujet ?

Les médias égyptiens ont rapporté lundi que L'Égypte ne coopérera pas avec Israël concernant le corridor de Philadelphie.

Selon Al-Qahera News, média égyptien, un responsable égyptien a qualifié de "complètement fausses" les informations selon lesquelles l'Égypte aurait eu des discussions avec Israël sur le corridor de Philadelphie.

La semaine dernière, des rapports israéliens affirmaient qu'Israël avait demandé à l'Égypte de renforcer davantage les mesures de sécurité et d'installer plus d'équipements de surveillance le long du corridor de Philadelphie.

Aucun commentaire officiel n'a été émis par l'Égypte ou Israël sur ces rapports. En 2005, Israël s'est retiré de la bande de Gaza sous la pression internationale et a transformé le territoire palestinien densément peuplé en la plus grande prison à ciel ouvert du monde.

L'Égypte est devenue le principal acteur chargé du corridor, qui représente le seul lien avec le monde extérieur non contrôlé par Israël, car Tel-Aviv maintient un blocus terrestre, maritime et aérien sur la bande.

Un accord après le désengagement israélien de la région en 2005 a permis à l'Égypte de déployer 750 soldats et des armes lourdes pour patrouiller et protéger le côté égyptien du corridor, la responsabilité de l'autre côté étant confiée à l'Autorité palestinienne.

Cependant, le Hamas a pris le contrôle total de la bande de Gaza environ deux ans après le retrait israélien, et les choses ont changé.

Au fil des ans, l'Égypte a affirmé avoir continué à détruire des tunnels creusés par les Palestiniens pour “faire passer clandestinement des armes et des personnes”, mais Israël a mis en doute l'efficacité des actions du Caire.

Maintenant, Israël souhaite reprendre le contrôle total de la zone frontalière, ce qui inclut le passage crucial de Rafah, censé assurer sa sécurité. Cependant, cela équivaudrait à une réoccupation de facto complète de la bande de Gaza, une question sur laquelle Israël et les États-Unis ont des avis divergents.

L'Égypte et le Hamas s'opposent tous deux au fait qu'Israël reprenne le contrôle du corridor, et le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi a affirmé à plusieurs reprises que Le Caire ne permettrait pas que les Palestiniens soient déplacés de leur patrie vers l'Égypte.

Quel est l'objectif d'Israël ?

Netanyahu souhaite rassurer la population israélienne, de plus en plus mécontente de sa gestion de la guerre et de son échec à rapatrier des dizaines de captifs encore à Gaza, selon les experts.

Dans le même temps, le Premier ministre israélien cherche à instiller la peur parmi les Palestiniens et à créer une nouvelle marge de manœuvre pour les négociations avec les États-Unis et l'Égypte.

L'Égypte n'accepterait pas qu'Israël reprenne le contrôle du corridor et y établisse une présence militaire des décennies après l'avoir quitté.

Les objectifs de Netanyahu peuvent également être interprétés dans le contexte de la poursuite constante de l'expansion territoriale par Israël depuis sa création en 1948.

Israël veut un autre corridor au nord

Israël a évoqué, en novembre dernier, l'idée d'une autre "zone tampon" le long de sa frontière avec la partie nord de Gaza auprès des dirigeants arabes et des États-Unis dans le cadre de ses plans "post-Hamas".

Tel-Aviv souhaite apparemment ériger ce corridor à l'intérieur de Gaza afin de s'assurer de ne plus subir une attaque de même facture que celle du 7 octobre par le Hamas, qui a fait environ 1 140 morts en Israël.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que Washington s'oppose "à toute réduction des limites géographiques de Gaza".

Les États-Unis ont également déclaré vouloir que l'Autorité palestinienne prenne en charge la sécurité de la bande de Gaza, contredisant les aspirations d'Israël à y établir une présence directe.

TRT Français et agences