Le général Abdourahmane Tchiani, qui a été proclamé nouveau chef de l'État du Niger par des putschistes, rencontre ses ministres à Niamey. / Photo: Reuters (Reuters)

Suite au coup d'État au Niger orchestré par la junte militaire, le général Abdourahamane Tchiani, nouvel homme fort du pays, a officialisé la création d'un gouvernement via un décret diffusé à la télévision nationale dans la nuit de mercredi à jeudi.

Composé de 21 membres dont 20 ministres, ce gouvernement inclut les généraux du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) à la tête des ministères de la Défense et de l'Intérieur. Le général Salifou Mody et le général Mohamed Toumba héritent de ces postes clés après la prise de pouvoir par le CNSP.

En amont, les putschistes avaient annoncé la nomination d'Ali Mahaman Lamine Zeine, un civil, au poste de Premier ministre. Zeine occupait précédemment le poste de ministre des Finances du Niger de 2002 à 2010.

L'annonce de la composition de ce gouvernement est intervenue peu avant un sommet exceptionnel de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), prévu pour ce jeudi à Abuja, Nigeria. Ce sommet se penchera sur la situation politique au Niger et les implications régionales du coup d’Etat mené le 26 juillet.

Par ailleurs, Rhissa Ag Boula, ancien rebelle touareg et ministre d'État nigérien, a annoncé la création du Conseil de la résistance pour la République (CRR) visant à rétablir le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Le président avait été arrêté lors du coup d'État du 26 juillet.

La France et le Mali suspendent réciproquement la délivrance de visas

La France et le Mali ont suspendu réciproquement la délivrance de visas sur fond de crise diplomatique en lien avec les événements au Niger, a confirmé le ministère malien des Affaires étrangères, dans une publication en ligne.

Cette décision intervient alors que Paris a classé le Mali en zone rouge dans un bulletin d’alerte publié le 7 août à l’attention de ses ressortissants.

“Dans le contexte actuel de fortes tensions régionales, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé. Les ressortissants français au Mali sont appelés à la plus grande vigilance : il est essentiel de se tenir à l’écart de tout rassemblement et de rester régulièrement informés de la situation”, écrit le Quai d’Orsay dans sa note d’information aux citoyens français, consultée par Anadolu.

Le Quai d’Orsay estime également que “le risque d’attentat ou d’action violente visant des lieux publics fréquentés par les Occidentaux est élevé”, notamment à Bamako.

“En outre, le risque d’enlèvements de ressortissants occidentaux est particulièrement important dans le centre et le nord du pays, mais à présent également à Bamako et dans ses alentours”, précise-t-on de même source.

De facto, le Mali, qui indique que “les services de l'ambassade de France à Bamako ont suspendu la délivrance des visas et fermé le centre de visas et le centre d'appels Capago”, a rendu la pareille, en déclarant qu’il “suspend, jusqu’à nouvel ordre, la la délivrance de visas aux ressortissants français par les services diplomatiques et consulaires du Mali en France”.

À noter que la situation au Niger, où les putschistes du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) sont largement soutenus par le Mali et le Burkina Faso, est à l’origine d’un regain des tensions diplomatiques déjà très fortes avec Paris.

Pour rappel, les nouveaux leaders de Niamey ont accusé mercredi Paris d’avoir violé l'espace aérien nigérien - qui était clos depuis dimanche - d’avoir, par la même occasion, "libéré des terroristes". La France a immédiatement réfuté ces allégations.

Agences