Manifestation monstre à Madrid pour défendre le système de santé public / Photo: Reuters (Reuters)

Les manifestants, parmi lesquels de nombreux soignants, se sont retrouvés au son des tambours et des sifflets dans différents points de la capitale avant de converger vers la mairie, autour de banderoles proclamant: "La santé ne se vend pas, elle se défend", a constaté l'AFP.

Au nombre de 250.000 selon la préfecture, et de près d'un million selon les organisateurs, ils ont réclamé "plus de moyens" au gouvernement régional de Madrid et à sa présidente Isabel Diaz Ayuso, accusée de favoriser les prestataires privés au détriment du service public.

"En Espagne, le système de santé public était très bon. Mais ces dernières années, il s'est fortement dégradé, surtout depuis la pandémie", constate Ana Santamaria, une habitante de Madrid venue défiler avec une amie, Susana Bardillo.

"Pour obtenir un rendez-vous, il faut désormais attendre des semaines. Du coup, les gens filent aux urgences, qui sont complètement débordées", abonde cette dernière. Ce système "maltraite les professionnels, et maltraite les patients", dénonce-t-elle.

Cette manifestation, convoquée par des collectifs d'habitants, est la troisième de grande ampleur organisée depuis trois mois dans la capitale espagnole, après celle du 15 janvier et surtout du 13 novembre, qui avait rassemblé 200.000 personnes, selon la préfecture.

Elle survient alors qu'une partie des médecins des établissements publics de la capitale sont en grève depuis le 21 novembre, à l'appel du principal syndicat de médecins de Madrid (Amyts), pour réclamer de meilleures conditions de travail et des augmentations de salaire.

"listes d'attentes interminables"

"Il y a des listes d'attente interminables. Nous n'arrivons pas à suivre", explique Maite Lopez, infirmière dans le public, qui manifeste pour être "enfin entendue". "La situation est dramatique", déplore-t-elle, "on ne peut pas bien prendre en charge les patients".

La grogne vis-à-vis des défaillances du système de santé a touché ces derniers mois d'autres régions en Espagne, pays très décentralisé où les autorités régionales ont la main sur la santé publique. Mais c'est à Madrid que le mouvement est le plus fort.

La communauté de Madrid est en effet en avant dernière position des 18 régions espagnoles en matière d'investissement en santé publique, avec 1.491 euros par an et par habitant, selon le dernier rapport du ministère de la Santé datant de 2020.

Une situation jugée paradoxale, Madrid étant la région la plus riche d'Espagne. "C'est une honte qu'avec autant de richesse, l'accès à des soins de santé publics de qualité ne soit pas garanti", a regretté lors de la manifestation Pepe Alvarez, secrétaire général de l'UGT, l'un des principaux syndicats espagnols.

Figure du Parti populaire (PP) et représentante de la droite dure espagnole, la présidente de la région de Madrid Isabel Diaz Ayuso a accusé à plusieurs reprises les manifestants d'être motivés par des intérêts "politiques", niant toute volonté d'affaiblir le système de santé public.

"Nous n'avons jamais affecté autant d'argent à la santé publique" dans la région, a-t-elle assuré jeudi, en dénonçant des "fake news" à son encontre.

AFP