Manifestation pour la paix  à Gaza / Photo: AA (AA)

Alors que le nombre de victimes palestiniennes approche de 30 000 personnes en plus de dizaines de milliers de blessés, après plus de quatre mois de combat , l’armée israélienne continue de bombarder inlassablement ce qui reste de Gaza.

Bien que l’ONU et des organisations humanitaires redoutent une crise humanitaire et un carnage sans précédent, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, John Kirby, a assuré Tel Aviv du soutien de Washington.

"Nous allons continuer à nous assurer qu’Israël dispose des outils et des capacités nécessaires" a-t-il dit.

Une déclaration qui s’apparente à une caution des opérations en cours à Gaza et mettent en exergue l’influence américaine sur le gouvernement Israélien.

En cas d’opération militaire, un plan de protection crédible des civils à Rafah est souhaitable, Israël peut mener son offensive militaire à Rafah, sans redouter des sanctions américaines, résume le site internet Politico, sur la base de confidences des officiels américains proches du dossier.

Des propos qui traduisent l’influence américaine sur la politique israélienne en général. Excédés, des dirigeants de la communauté musulmane avaient parlé de “soutien aveugle” ou “inconditionnel” de Washington à Tel Aviv, promettant de “punir” à cet effet, Joe Biden pour son attitude, en s’abstenant de voter en sa faveur pour la présidentielle.

Profitant du soutien diplomatique des États-Unis à l’ONU, Israël a échappé à toute sanction onusienne et ignoré toute idée de cessez-le-feu.

Sur le terrain du conflit avec les Palestiniens, les États-Unis (EU) ont déployé deux porte-avions avec leurs navires d’escorte au Moyen-Orient, en Méditerranée orientale et à proximité du détroit d’Ormuz puis un sous-marin dans la zone mer Rouge-Golfe. Une espèce de dissuasion pour quiconque tenterait de menacer Israël.

Sur le plan logistique, Ie principal pourvoyeur d’Israël en armes demeure les États-Unis d’Amérique. D’après l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) entre 2017 et 2021, Washington a comblé les besoins d’armement d’Israël à hauteur de 96%. L’Allemagne et l’Italie complètent la liste avec respectivement 6,9% et 1% de part de marché.

Le soutien diplomatique et militaire s’accompagne aussi d’un appui budgétaire et financier. Entre 1946 et 2023, Israël a reçu environ 260 milliards de dollars américains, selon un rapport du Congrès américain publié en mars 2023. Cela fait d'Israël le pays qui a reçu le plus de ressources de la part des États-Unis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les accords de camp David

Forts de cette influence, les États-Unis ont dessiné les traits majeurs de tout processus de paix au Moyen-Orient. Aucune initiative de paix n’a prospéré dans la région sans l’implication effective de Washington.

Au sortir d’une série de conflits entre Israël et les pays arabes, il a fallu que le président Jimmy Carter s’implique et pèse de tout son poids pour obtenir la normalisation des relations entre Israël et l’Égypte. Le premier ministre israélien d’alors, Menahem Begin, et le président égyptien Anouar el-Sadate signèrent en effet le 17 septembre 1978, les accords de Camp David et le 26 mars 1979, un traité de paix.

Les accords d’Oslo

Bill Clinton se situe dans le même sillage que Jimmy Carter. C’est de par son leadership que le 13 septembre 1993 à Washington, Yasser Arafat, président de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien de l’époque, signent à Washington les accords d’Oslo.

Des accords qui posent les bases d’une paix durable et l’avènement d’un gouvernement provisoire palestinien.

"Le gouvernement de l'État d'Israël et l'équipe de l'OLP, (...) représentant le peuple palestinien, sont d'accord qu'il est temps de mettre fin à des décennies de confrontation et de conflit, de reconnaître leurs droits légitimes et politiques mutuels, de s'efforcer de vivre dans la coexistence pacifique (...) et d'aboutir à un accord de paix juste, global et durable", stipule le préambule des accords d’Oslo.

Rendu à 2024, Joe Biden se fait le chantre d’une solution à deux États.

"Une solution à deux États est le seul moyen d'assurer la sécurité à long terme du peuple israélien et du peuple palestinien. Aujourd'hui, cette perspective semble plus lointaine que jamais, mais la crise actuelle la rend plus nécessaire que jamais", estime Joe Biden dans une tribune parue dans le Washington Post en novembre dernier.

“Rien ne va plus”

Sur le terrain, le statu quo est perceptible. La coalition des extrêmes au pouvoir en Israël intensifie la colonisation sur fond de violence en Cisjordanie, hypothéquant davantage l’avènement d’une solution à deux États telle que préconisée par les accords d’Oslo.

Les adversaires de Joe Biden lui reprochent de privilégier les critiques publiques, le statu quo, tout en refusant d’utiliser son influence diplomatique, militaire et économique pour infléchir la position du gouvernement israélien et instaurer une paix durable au Moyen-Orient.

"Il n'y a aucune indication d'un quelconque changement de politique" se désole l’analyste Michael Dimino, ancien responsable de la CIA qui travaille aujourd'hui pour le groupe de réflexion Defence Priorities cité par Politico.

Agacée par cette approche, l’Arabie Saoudite a posé comme préalables à la normalisation avec Israël promue par Washington, la fin de la guerre à Gaza et l’instauration d’un État palestinien avec les frontières de 1967.


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