Bulletin de vote pendant une élection en Turquie / Photo: AA (AA)

Eruption de fièvre politique en Turquie : en prévision des élections présidentielles et législatives prévues le 14 mai prochain . Jamais auparavant, autant de partis ne s'étaient agrégés pour former une alliance avant les élections.

Le groupe d'opposition de la Table des Six, comprenant le Parti républicain du peuple (CHP) et le Parti IYI, a formé l'Alliance de la nation pour défier l'Alliance du peuple dirigée par le président Recep Tayyip Erdogan, qui comprend le Parti de la justice et du développement (AK), le Parti du mouvement nationaliste (MHP) et le Grand parti de l'unité (BBP).

Que signifient ces alliances préélectorales ?

Dans les démocraties, il n'est pas rare que les petits partis politiques forment des blocs pour affronter des adversaires plus puissants, et la Turquie ne fait pas exception à cette règle. Ces alliances suivent généralement deux voies : les partis politiques s'affrontent lors du scrutin et forment ensuite des coalitions au parlement, ou ils soutiennent mutuellement leurs candidats afin de remporter le plus grand nombre de circonscriptions.

Jusqu'en 2018, la législation turque n'autorisait pas les partis politiques à former des alliances électorales, mais l'adoption d'un amendement en 2021 a changé la donne.

Désormais, les partis politiques peuvent s'engager dans la bataille électorale sous la forme d'une alliance.

Même s'il était auparavant interdit aux partis de former des alliances électorales, ils collaboraient de manière informelle avant l'adoption de la nouvelle loi.

Par exemple, deux partis désireux de collaborer ne désignaient pas de candidat commun, mais orientaient leurs électeurs afin qu'ils soutiennent un candidat de l'un ou l'autre des deux camps ayant plus de chances de remporter l'élection. Ce type d'alliance se répartira plus tard les sièges parlementaires.

L’alliance informelle du Parti de la Prospérité

En 1991, le Parti de la prospérité (RP) était l'un des principaux partis et M. Erdogan en était l'un des membres. Le RP a formé une alliance informelle avec le Parti travailliste nationaliste (MCP), prédécesseur de l'actuel Parti du mouvement nationaliste (MHP), ainsi qu'avec le Parti démocratique réformiste (IDP), un petit parti nationaliste conservateur.

Bien qu'aucun d'entre eux n'ait été en mesure de franchir le seuil des 10 % à lui seul, leur alliance a permis aux trois partis d'obtenir 17 % des voix et 62 sièges sous le nom du Parti de la Prospérité (RP). Cette tactique a été considérée comme un grand succès des groupes conservateurs turcs dans les années 1990. Avec l'amendement de l’an dernier, ils peuvent désormais présenter ouvertement un candidat commun.

Un nouveau seuil fixé à 7%

L'une des dispositions de l'amendement a également réduit le taux minimum de voix dont un parti politique a besoin pour entrer au Parlement.

Lors des élections précédentes, un groupe politique devait obtenir au moins 10% des voix pour pouvoir présenter des candidats. Ce seuil a été ramené à 7%, ce qui permettra aux petits groupes politiques d'entrer au parlement sans avoir besoin du soutien d'une alliance.

Le taux minimum a été introduit dans les années 1980 pour décourager l'entrée au Parlement d'une multitude de petits groupes politiques qui entravaient le processus législatif en raison de leurs querelles incessantes.

Le parti de M. Erdogan avait remporté plus de 52 % des voix lors des dernières élections de juin 2018 grâce au soutien de la base électorale de l'Alliance nationale.

L'alliance des six partis a, quant à elle, choisi M. Kemal Kilicdaroglu, le dirigeant du CHP, comme candidat commun à la présidence. M. Kilicdaroglu est le leader du CHP depuis 2010.

TRT Francais