La Grèce est accusée d'utiliser des demandeurs d'asile pour refouler d'autres migrants vers la Turquie, dénonce l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi.
Dans la région de l'Evros, à la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie, l'ONG a interviewé 23 demandeurs d'asile afghans qui assurent avoir été refoulés violemment hors du territoire grec, après avoir été délesté de leurs biens, téléphones et argent, entre septembre 2021 et février 2022, selon un communiqué d'HRW.
Seize d'entre eux ont rapporté que les pilotes des barques les ramenant vers la rive turque du fleuve Evros parlaietn arable ou des langues du sud de l'Asie, ajoute HRW, citant son rapport de 29 pages.
L'organisation de défense des droits humains a notamment interrogé un ancien militaire afghan de 28 ans, qui dit avoir été renvoyé de force en Turquie en décembre dernier et avoir parlé en pachtoune à un Pakistanais qui conduisait le canot. Ce dernier lui aurait expliqué: "Nous faisons ce travail durant trois mois et après nous pouvons avoir nos papiers".
"Il est indéniable que le gouvernement grec est responsable de refoulements illégaux à la frontière et l'utilisation d'intermédiaires pour accomplir ces actes illégaux ne lui enlève aucune responsabilité", estime Bill Frelick, directeur du programme sur le droit des réfugiés à HRW.
"La Commission européenne devrait ouvrir de toute urgence des poursuites judiciaires et tenir le gouvernement grec responsable de violation des lois de l'Union européenne interdisant les expulsions collectives", poursuit-il dans le même communiqué.
Athènes a toujours démenti avoir recours à des refoulements illégaux de réfugiés malgré la publication de plusieurs enquêtes journalistiques sur le sujet.
Fin février, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'était inquiété de la "normalisation" du refoulement illégal de migrants aux frontières de l'Europe, notamment après avoir enregistré environ 540 incidents de renvois informels par la Grèce depuis début 2020.
Selon plusieurs médias et ONG, les migrants ainsi refoulés sont empêchés de déposer une demande d'asile en Grèce comme le requiert le droit international.
"A un moment où la Grèce accueille les Ukrainiens, de +vrais réfugiés+, elle mène de cruels refoulements envers des Afghans et d'autres personnes fuyant égaleme nt la guerre et la violence", ajoute Bill Frelick.
Le 1er mars, lors d'un débat au parlement grec, le ministre des Migrations Notis Mitarachi avait qualifié les Ukrainiens de "vrais réfugiés", suscitant l'indignation des défenseurs des droits de l'homme.