Les bombardements de l'armée israélienne continuent / Photo: AA (AA)

Une trêve à Gaza est à l’ordre du jour des négociations ce dimanche au Caire, alors que la guerre dévastatrice dans l’enclave palestinienne entre dans son septième mois.

Pour une énième tentative, les diplomates chercheront à parvenir à une trêve associée à une libération d'otages.

Déclenchée le 7 octobre 2023, la guerre israélienne ne connaît aucun répit. Elle a fait 33.137 morts, pour la plupart des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé à Gaza, et provoqué un désastre humanitaire avec la majorité des 2,4 millions d'habitants menacés de famine, d'après l'ONU.

Selon des médias américains, le chef de la CIA, Bill Burns, s’est rendu au Caire pour rencontrer le chef du Mossad israélien, David Barnea, ainsi que des responsables égyptiens et qataris. La Maison Blanche a confirmé la tenue de pourparlers.

Des délégations israélienne et du Hamas sont attendues dans la capitale égyptienne, aux côtés de M. Burns et du ministre qatari des Affaires étrangères, a indiqué samedi le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News, avant que l’information ne soit confirmée par les médias israéliens et ceux proches du Hamas.

Le président américain, Joe Biden, a appelé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, "à conclure un accord sur les otages". Il a aussi demandé au Qatar et à l'Égypte, les médiateurs avec les États-Unis, "d'obtenir du Hamas qu'il s'engage à accepter un accord", selon un haut responsable américain sous couvert d'anonymat.

Le Hamas, qui a confirmé le départ de sa délégation au Caire dimanche, a affirmé samedi qu'il ne renoncerait pas à ses exigences pour une trêve, dont "un cessez-le-feu permanent", un retrait israélien de Gaza, un retour des déplacés, et un "sérieux" accord d'échange d'otages et de prisonniers palestiniens détenus par Israël.

Après une trêve d'une semaine en fin novembre qui a permis la libération d'une centaine d'otages en échange de détenus palestiniens, plusieurs séries de négociations indirectes entre les parties, via les médiateurs, ont eu lieu pour un nouveau cessez-le-feu, en vain.

Israël et le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, se renvoient la responsabilité du blocage.

Le gouvernement israélien se dit déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à "l'élimination du Hamas".

"Six mois en enfer"

Le Premier ministre israélien fait face à des pressions accrues en Israël. Samedi soir, une large mobilisation anti-Netanyahu a eu lieu à Tel-Aviv et dans d'autres localités israéliennes pour réclamer sa démission, des élections législatives anticipées et un accord sur les otages.

En outre, le chef de l'opposition israélienne, Yaïr Lapid, est parti samedi pour Washington où il va rencontrer de hauts dirigeants américains, sur fond de tensions au sujet de la conduite de la guerre par M. Netanyahu.

Par ailleurs, l'armée israélienne a annoncé, ce dimanche, la mort de quatre soldats dans la bande Gaza, portant à 604 le nombre de militaires israéliens tués dans le territoire palestinien depuis le 7 octobre.

”Tout a été détruit"

"Tout a été détruit", se lamente Siham Achour, 50 ans, qui a trouvé refuge dans une tente de Rafah après avoir fui Khan Yunis.

Le gouvernement Netanyahu subit de fortes pressions internationales pour laisser entrer davantage d'aide à Gaza, notamment après la mort, lundi, d'humanitaires de World Center Kitchen (WCK) --un Palestinien, trois Britanniques, une Australienne, un Polonais et un Américano-Canadien --, tués par un drone israélien.

L’Organisation mondiale de la Santé a condamné les destructions massives, causées à l’hôpital Al-Shifa à Gaza à la suite du récent siège israélien, le transformant en une “coquille vide“ avec des tombes.

En effet, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé cette situation sur la plateforme X en ces termes : “l'Organisation mondiale de la Santé et ses partenaires ont pu accéder au complexe Al-Shifa, qui était autrefois l'épine dorsale du système de santé à Gaza et qui n'est plus qu'une coquille vide à l'exception des tombes humaines après le récent siège “. .

"Guerre contre l'humanité"

"Le Royaume-Uni tout entier est choqué par le bain de sang et consterné par le meurtre de braves héros britanniques qui apportaient de la nourriture à ceux qui en avaient besoin", a déploré, de son côté, samedi, le Premier ministre britannique Rishi Sunak. "Cette terrible guerre doit cesser. Les otages doivent être libérés. L'aide (...) doit affluer", a-t-il ajouté.

"Cela fait six mois que (l'armée israélienne) vise tout ce qui a l'air de bouger. Cela ne ressemble pas à une guerre contre la terreur, cela ne ressemble plus à une guerre pour défendre Israël. A ce stade, cela ressemble vraiment à une guerre contre l'humanité en soi", a déclaré sur la chaîne ABC le fondateur de WCK, le chef américano-espagnol, José Andrés.

Le gouvernement australien a, pour sa part, annoncé la nomination d'un conseiller spécial pour collaborer à l'enquête israélienne sur ce drame.

Côté aide, celle-ci strictement contrôlée par Israël et venant principalement d'Égypte, entre toujours au compte-gouttes via le passage de Kerem Shalom entre le territoire israélien et le sud de Gaza.

Vendredi, Israël a annoncé prévoir l'ouverture "temporaire" d'autres points de passage pour acheminer l'aide, ainsi qu'une "augmentation de l'aide par Kerem Shalom".