France: le PSG au coeur d'une polémique liée au réchauffement climatique (Reuters)

C'est une sortie ironique de Christophe Galtier - et le fou rire de l'attaquant Kylian Mbappé à ses côtés -, lors d'une conférence de presse lundi à la veille du match de la Ligue des Champions face à la Juventus, qui a déclenché le tir de barrage.

Alors qu'on l'interrogeait sur les déplacements fréquents du PSG en jet privé, le dernier en date samedi dernier pour une rencontre contre Nantes, l'entraîneur a lâché :

"Pour être très honnête avec vous, on en a parlé ce matin avec la société qui gère les déplacements et on est en train de voir si on ne peut pas faire les déplacements en chars à voile."

Selon des analyses rendues publiques en 2021 par un collectif d'ONG baptisé "Transport et Environnement", un jet privé, sur un trajet de 500 kilomètres, émet 4,5 à 14 fois plus de CO2 qu'un avion de ligne, et 50 fois plus qu'un train.

Le directeur de TGV-Intercités, Alain Krakovitch, avait interpellé les dirigeants du Paris-Saint-Germain dimanche sur Twitter, à la suite d'un instantané du vol nantais posté par le milieu de terrain Marco Verratti sur les réseaux sociaux.

"Paris-Nantes est en moins de 2 heures en TGV Inoui. PSG, je re-re-renouvelle notre proposition d’offre TGV adaptée à vos besoins spécifiques, pour nos intérêts communs : sécurité, rapidité, services et éco mobilité."

La controverse a pris un tour plus politique depuis la conférence de presse au cœur du litige.

Ainsi, dès lundi, la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a réagi en ces termes sur Twitter : "M. Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables - on en parle ?"

"Ce n'est pas risible, et c'est ça qui est choquant dans leurs propos, c'est d'en faire quelque chose qui est anecdotique", a renchéri mardi sur CNEWS la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, jugeant que Christophe Galtier était allé "beaucoup trop loin".

"CONSTERNANT"

"Ce réchauffement climatique n'est plus une abstraction, c'est quelque chose qui a des conséquences sur notre quotidien, ce sont des feux de forêt, c'est une sécheresse très forte, ce sont des inondations et chacun doit prendre sa part de cet effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre", a-t-elle souligné.

Pour Bruno Le Maire, le rire de Kylian Mbappé n'était guère "opportun" et l'ironie de son entraîneur, "déplacée".

"J'adore Mbappé, il peut tous nous arriver à n'importe quel moment d'avoir un fou rire au moment le moins opportun, et je pense que c'était le moment le moins opportun pour avoir un fou rire", a dit le ministre de l'Économie et des Finances sur BFM TV et RMC Info.

"Il faut que tous, quoi que ça puisse nous coûter dans nos comportements, dans nos réflexions, que nous prenions le réchauffement climatique très au sérieux", a-t-il insisté.

Dans un concert de critiques, les députés (La France insoumise) Clémentine Autain et François Ruffin ont déploré, pour l'une sur Twitter une "déconnexion des urgences (...) consternante", pour l'autre sur France Inter l'existence de vols privés Paris-Nantes. "C'est une nécessité de ramener les élites les pieds sur terre", a-t-il dit.

Rare voix dissonante, le député (Les Républicains) des Alpes-Maritimes Eric Ciotti a défendu l'ancien entraîneur de l'OCG Nice.

"On a le droit un peu à l'humour (...). C'est de l'ironie, je n'en ferais pas une histoire", a-t-il réagi sur RTL.

"La réaction est peut-être maladroite, mais là n’est pas l'essentiel, regardons les vrais problèmes et comment on les surmonte, pas sur des polémiques un peu stériles", a-t-il ajouté.

Le PSG, qui effectue tous ses déplacements, y compris les trajets les plus courts, en avion, n'a pas fait de commentaire.

Une source au sein du club a cependant déclaré que le PSG négociait depuis six mois avec la SNCF mais que la société refusait d'organiser des voyages de nuit pour les retours de match.

Reuters