France : Borne devant le Parlement face à une opposition mécontente (Reuters)

La nouvelle Première ministre française présente mercredi devant le Parlement son projet politique pour le pays, un test très scruté après le revers d'Emmanuel Macron aux législatives et qui risque d'enflammer les oppositions, mécontentes qu'Elisabeth Borne n'engage pas la responsabilité de son gouvernement, faute de majorité suffisante.

La Première ministre prononce, devant les députés français à 13h00 GMT, puis les sénateurs à 19h00 GMT, la traditionnelle "déclaration de politique générale", qui lui permet d'exposer à la fois son style et son programme, au premier rang duquel figure le très attendu projet de loi sur le pouvoir d'achat, face à une inflation qui a encore atteint 5,8% en juin, du jamais vu depuis près de 40 ans en France.

La tonalité de cette journée pourrait donner des indications sur les capacités qu'aura le camp d'Emmanuel Macron à faire passer ses réformes envisagées dans les cinq prochaines années.

Mme Borne "ne sollicitera pas la confiance des parlementaires" contrairement à la plupart de ses prédécesseurs, a annoncé lundi le nouveau porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

Ce vote, conformément à l'article 50-1 de la Constitution française, n'est pas obligatoire.

Après avoir fait le décompte des voix, "nous ne sommes pas certains que les conditions de cette confiance auraient été réunies", a déclaré M. Véran.

En outre, plusieurs députés ont été nommés ministres lundi, et leurs suppléants ne siègeront à l'Assemblée que dans un mois, privant d'autant de voix le camp présidentiel.

Le nouveau gouvernement français, dévoilé lundi par M. Macron, sera chargé de mettre en œuvre ses réformes sans majorité absolue à l'Assemblée nationale et face à une opposition remontée.

Ce nouveau casting, qui compte au total 41 membres dont 20 femmes, a été accueilli fraîchement par l'opposition.

La France insoumise (LFI, gauche radicale) a dénoncé un "non évènement" tandis que Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN, extrême droite) qui a fait une percée historique lors des législatives, a estimé qu'Emmanuel Macron "ignorait" une "nouvelle fois le verdict des urnes et la volonté des Français d'une autre politique".

"Plus d'écoute"

Fruit d'intenses tractations, la nouvelle équipe d'Elisabeth Borne fait la part belle aux alliés centristes du camp présidentiel sans intégrer de grosses prises à gauche ou à droite.

A défaut d'avoir pu constituer un gouvernement de coalition - parce que les "partis de gouvernement" ont refusé d'y participer selon M. Macron, et que "les débauchages individuels, c'est fini", selon M. Véran -, la confiance se construira "patiemment texte après texte", fait désormais valoir le gouvernement français.

Les débats qui suivront le discours d'Elisabeth Borne s'annoncent agités.

L'alliance de gauche Nupes a annoncé mardi le dépôt d'une motion de censure mercredi à 12H30 GMT contre le gouvernement d'Elisabeth Borne.

Ses signataires la présentent comme une "motion de défiance" à l'égard de la Première ministre qui n'a pas prévu de demander un vote de confiance. "Cela mettra chacune et chacun face à ses responsabilités", a affirmé mardi devant la presse la présidente des députés LFI Mathilde Panot.

Pour faire tomber le gouvernement, il faudrait que la motion réunisse une majorité absolue, ce qui paraît peu probable faute d'un rassemblement des oppositions.

Le groupe RN notamment n'a pas prévu de se prononcer pour. "Nous, on n'est pas là pour tout bloquer, tout casser, on est là pour proposer des solutions", selon son porte-parole Sébastien Chenu.

"On ne sera pas dans la course au bruit", a aussi affirmé le chef de file des députés Les Républicains (LR, droite) Olivier Marleix, qui attend de Mme Borne un "changement de méthode" et "un peu plus d'écoute des oppositions".

La déclaration de politique générale doit permettre également à Elisabeth Borne, discrète et réputée "technicienne", d'imprimer son style.

Le premier dossier d'envergure mis sur la table sera le projet de loi sur le pouvoir d'achat, qui sera présenté jeudi en Conseil des ministres puis débattu dans l'hémicycle à compter du 18 juillet.

AFP