France- Allemagne: réunion Macron-Scholz à l'Élysée dans un contexte de divergences (Reuters)

Le Président français, Emmanuel Macron, reçoit le Chancelier allemand, Olaf Scholz, ce mercredi à l'Élysée, dans un contexte de tensions entre les deux pays.

Un déjeuner est prévu entre les deux chefs de l'Exécutif, alors que le Conseil de ministres franco-allemand, qui devait se tenir pendant toute la journée à Fontainebleau (Seine-et-Marne), a été reporté à janvier 2023.

Le 20 octobre, avant de participer à une réunion des chefs d’État et de gouvernement européens à Bruxelles, le Président français avait mis en garde le Chancelier allemand, qu'il "n’est bon ni pour l’Europe ni pour l’Allemagne que [cette dernière] s’isole".

"Notre rôle est de tout faire pour qu'il y ait une unité européenne et que l'Allemagne en fasse partie", avait ajouté Emmanuel Macron, une déclaration qui témoigne de la détérioration du dialogue au sein du couple franco-allemand, moteur historique de l'Union européenne (UE).

Aucune conférence de presse n'est, d'ailleurs, prévue à l'issue de cette visite, selon l'agenda publié mardi soir par l'Élysée.

Au cours de ce déjeuner au palais présidentiel, les deux dirigeants tenteront de "renforcer les coopérations franco-allemandes" et de répondre aux défis communs de "façon unie et solidaire", selon un communiqué publié, mardi, par la Présidence française.

Question de l'énergie

Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont notamment prévu de discuter d'une stratégie européenne à adopter face à la flambée des prix énergétiques, ainsi que sur la question de l'approvisionnement énergétique du bloc européen, source de tensions dans le couple franco-allemand.

"Il y a toute une série de sujets [...] où l'on n'est pas encore arrivé à une position commune", avait expliqué, la semaine dernière, lors d'un point-presse, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, questionné sur d'éventuelles dissensions entre Berlin et Paris.

Du fait de sa forte dépendance au gaz naturel russe, l'Allemagne a entrepris "un changement de modèle dont il ne faut pas sous-estimer le caractère déstabilisateur", avait observé le Président français, Emmanuel Macron.

Pour rappel, le Chancelier Scholz a annoncé un plan d'aide de 200 milliards d'euros aux entreprises et particuliers allemands, face à l'envolée des prix de l'énergie, notamment du gaz, suite aux interruptions de livraisons imposées par la Russie.

Cette décision, prise sans concertation avec les autres membres du bloc, a provoqué l'incompréhension de nombre d'entre eux, ainsi que des craintes de distorsion de la concurrence dans l'UE.

Défense et armement

Les deux leaders évoqueront également les questions de défense et d'armement où, là encore, des désaccords persistent. Le média d'information public "France 24" rapporte que la France a mal vécu que son voisin allemand, avec lequel un projet d’avion de combat européen – le SCAF – est sur les rails, fasse le choix d’acquérir une trentaine d’avions de chasse américains F-35.

Il est à rappeler, que quelques jours après le début de la guerre en Ukraine, Berlin avait décidé d'injecter 100 milliards d’euros au budget pluriannuel de l’armée allemande, une décision qui avait été saluée par Paris, avant l'apparition de désaccords entre les deux pays.

En dernier lieu, l'Allemagne et 14 autres pays européens, parmi lesquels figurent le Royaume-Uni, les pays baltes, les Pays-Bas et la Finlande, ont annoncé leur intention d'opter en faveur d’un projet de bouclier antimissile, avec la participation de l'industrie militaire israélienne. Paris a dénoncé une "course aux armements" sur le continent européen et s'est opposé au projet.

Au micro de "France Inter", vendredi dernier, l'ancien Premier ministre français, Dominique De Villepin a estimé que les divergences au sein du couple franco-allemand "paralysent" ce dernier.

"Nous ne pouvons pas nous permettre dans ce moment de l'Histoire de ne pas avoir une Europe unie et forte. Ça commence par un dialogue franco-allemand fructueux", a-t-il souligné, en rappelant toutefois que ces désaccords entre Paris et Berlin ne sont pas les premiers dans l'histoire du couple, depuis la réunification de l'Allemagne en 1990.

AA