Dans un hopital de Gaza / Photo: Reuters / Photo: AP (AP)

L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens se dirige vers la cessation d’activités. Faute de carburant, elle pourrait cesser de fonctionner à partir de mercredi soir dans la bande de Gaza, assiégée et de nouveau pilonnée pendant la nuit par l'armée israélienne.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" et condamné les "violations claires du droit humanitaire" dans l’enclave bombardée depuis le 7 octobre.

Cet appel a suscité la colère d'Israël. "Monsieur le secrétaire général, dans quel monde vivez-vous ?", a lancé le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen. "Sans aucun doute, ce n'est pas le nôtre".

L'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes dans le petit territoire où vivent 2,4 millions de Palestiniens dans des conditions humanitaires catastrophiques.

Mais elle ne représente qu'"une goutte dans un océan de besoins", a jugé M. Guterres.

Six hôpitaux déjà fermés

Six hôpitaux de la bande de Gaza ont déjà dû fermer en raison du manque de carburant, selon l'Organisation mondiale de la santé.

L'ONU réclame d'urgence la livraison de carburant, notamment pour faire fonctionner les générateurs dans les hôpitaux, purifier l'eau et permettre aux camions de circuler pour livrer les cargaisons.

Selon les États-Unis, un cessez-le-feu pour permettre l'arrivée de cette aide ne "bénéficierait qu'au Hamas".

Toutefois, "des pauses humanitaires" dans les combats doivent être envisagées, a nuancé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken devant le Conseil de sécurité de l'ONU, tandis que le président Joe Biden a estimé que l'acheminement de l'aide n'était "pas assez rapide".

La bande de Gaza, une enclave pauvre de 362 kilomètres carrés, soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, a été placée depuis le 9 octobre en état de "siège complet" par Israël, qui y a coupé l'eau, l'électricité et l'approvisionnement en nourriture.

"Écraser le Hamas" -

Ce siège s'accompagne de bombardements sans relâche de Gaza par Israël, qui a intensifié ses frappes en prélude à une probable offensive terrestre.

Le gouvernement du Hamas a annoncé mercredi matin que les bombardements avaient fait au moins 80 morts dans différents secteurs de la bande de Gaza dans la nuit.

"Nous sommes avant la prochaine étape, elle est en route (...) nous avons une seule mission, écraser le Hamas", a réaffirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant ses troupes mardi.

Le 7 octobre, le mouvement palestinien Hamas a mené une opération contre Israël en riposte aux violences des colons et aux incursions israéliennes dans la mosquée Al Aqsa. Israël a de son côté lancé de violents raids qui ont tué jusqu’à présent plus de 5.791, en majorité des civils dont 2.360 enfants.

Le président français, Emmanuel Macron, a jugé mardi que "rien ne saurait justifier" les "souffrances" des civils à Gaza, aux côtés du président palestinien Mahmoud Abbas en Cisjordanie occupée, après une visite de solidarité en Israël.

"Le temps presse" -

Plusieurs dizaines de camions chargés d'aide internationale sont arrivés à Gaza depuis samedi en provenance d'Égypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. Mais pour l'ONU, au moins cent camions par jour seraient nécessaires.

"Sans carburant, l'aide ne peut être acheminée, les hôpitaux n'ont pas d'électricité et l'eau potable ne peut être purifiée ou même pompée", a affirmé mardi Antonio Guterres.

"Le temps presse. Nous avons un besoin urgent de carburant", a déclaré Juliette Touma, directrice de la communication de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, qui craint de devoir arrêter ses opérations dès mercredi soir.

Mais Israël exclut de laisser entrer du carburant dans la bande de Gaza, affirmant que cela profiterait au Hamas.

"Non, pour l'instant, nous n'avons aucun intérêt à ce que la machine militaire du Hamas reçoive davantage de carburant, et nous n'avons pas autorisé de carburant", a déclaré le conseiller de M. Netanyahu, Mark Regev.

Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza à évacuer vers le sud. Mais les frappes continuent aussi de toucher cette partie de l’enclave, proche de la frontière égyptienne, où sont massés plusieurs centaines de milliers de civils.

Au total, au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.

"Nous demandons au monde entier qu'il intervienne et arrête la guerre. La plupart de ceux qui meurent sont des enfants", a lancé Ibrahim Abou Jazar, qui s'est réfugié dans une école de Rafah.


AFP