Le premier ministre Keir Starmer maintient les forces de l’ordre en alerte maximale pour ce week-end. Jeudi soir, à l’issue de la 3e réunion sécurité du gouvernement quelques chiffres ont été donnés. 483 personnes ont été arrêtées, 12 ont été emprisonnées et 39 manifestations sont prévues ce week-end.
Le chef du gouvernement estime que les premières arrestations et condamnations d’émeutiers ont eu l’effet escompté et calmé la rue. Le gouvernement a promis la plus extrême sévérité à l’encontre des personnes impliquées, certaines ont été condamnées à trois ans de prison. Des personnes ayant appelé à la haine ou à la violence devraient être condamnées ce vendredi, croit savoir le journal The Guardian.
Le gouvernement travaille également à calmer le jeu sur les médias sociaux. C’est en effet une fausse information publiée sur les plateformes en ligne qui a déclenché les premières émeutes. Trois fillettes ont été tuées dans une attaque au couteau à Southport et immédiatement, les réseaux sociaux ont affirmé qu’un migrant était le coupable. En fait, le responsable était un jeune homme britannique de Cardiff.
Les appels se sont donc multipliés ces derniers jours pour accélérer la mise en application du “Online Safety Act” (Loi de sécurité en ligne) voté en octobre 2023 et qui doit normalement entrer en vigueur début 2025.
Avec cette loi, l’Ofcom (le gendarme des médias) peut infliger des amendes aux entreprises de médias sociaux si elles ne font rien pour lutter contre les messages violents ou les appels à la violence. Les amendes pourraient dans l’absolu atteindre 18 millions de livres sterling (21 millions d'euros).
L’Ofcom a demandé cette semaine aux plateformes comme X, Facebook et autres de se conformer dès à présent à la nouvelle loi, mais bien sûr rien ne les y oblige.
Aujourd’hui, c’est la loi sur l’ordre public votée en 1986 qui régit les appels à la violence, une loi qui a été votée bien avant que les médias sociaux n’apparaissent dans l’espace public.
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Le maire de Londres appelle à mieux surveiller les médias sociaux
Sadiq Khan, le maire de Londres s’est exprimé dans les médias après les émeutes. Il a déclaré ne pas se sentir en sécurité après les émeutes racistes.
Inquiet du rôle joué ces derniers jours par les plateformes internet, dans le journal The Guardian, il dit refuser l’idée d’un boycott des médias sociaux. Selon le maire de la capitale anglaise, ce ne serait pas réaliste, il faut communiquer sur les médias que les électeurs utilisent mais il faut amender la loi sur la sécurité en ligne. “La façon dont les algorithmes fonctionnent et la façon dont la désinformation se répand vite, c’est une source d’inquiétude mais je pense que le gouvernement devrait très vite s’assurer que la loi sur la sécurité en ligne répond bien à ce problème, je ne pense pas que ce soit le cas. “
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Il a également taclé les hommes politiques conservateurs qui ont multiplié les messages pendant les émeutes. “Je trouve offensant qu’un homme politique utilise la tragédie de la mort de ces trois fillettes pour promouvoir ses idées sur la société. Et c’est ce qui est arrivé.”
Sadiq Khan fait allusion à un message du leader Tory, Robert Jenrick qui mercredi a écrit que toute personne qui criait “Allah Akbar” devrait être arrêtée. L’élu a ensuite nuancé. Son tweet ne concernerait qu’une vidéo où on voyait des manifestants cagoulés. Rien à voir, a-t-il souligné, avec les millions de musulmans britanniques qui utilisent cette expression de manière pacifique.
Elon Musk, le patron de X en relayeur de désinformation
Les réseaux sociaux sont une plateforme mondiale et la désinformation traverse les frontières. C’est là que le patron de X a joué un jeu trouble lors de ces émeutes. Il a systématiquement re-posté les messages des leaders de l’extrême droite anglaise. Elon Musk s’est même fendu d’un commentaire, insinuant que la guerre civile était inévitable en Angleterre. Malgré les critiques, il a hier encore joué les pompiers pyromanes en relayant une publication de Ashley Simon, co-leader du groupe d’extrême-droite Britain First (la Grande-Bretagne d’abord). En fait l’article, attribué au journal britannique “Telegraph”, est un faux article. X a rapidement effacé le post mais il avait déjà été consulté par 2 millions de personnes.
Ce n’est pas la première fois que le milliardaire publie de fausses informations. Lors des précédentes élections présidentielles américaines, il avait affirmé que les démocrates importaient des électeurs de l’étranger. Sa publication avait été vue plus d’un milliard de fois.