Police / Photo: Reuters (Reuters)

Les quatre fonctionnaires ont été inculpés dans la nuit de jeudi à vendredi pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique avec usage ou menace d'une arme ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 8 jours.

Ils sont accusés d'avoir roué de coups un jeune de 21 ans dans le centre de Marseille, dans la nuit du 1er au 2 juillet alors que la cité phocéenne, comme de nombreuses villes de France, était en proie aux violentes émeutes après la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier à Nanterre, en région parisienne, lors d'un contrôle routier.

Alors hospitalisé, quelques jours après les faits, le jeune homme, Hedi, avait affirmé dans le quotidien régional La Provence avoir été frappé par un groupe de quatre à cinq personnes qu'il avait identifiées comme des policiers de la brigade anticriminalité (BAC), et ce après avoir reçu un tir de LBD (balle de défense) dans la tempe.

"Il a été tiré comme un lapin puis roué de coups", a dénoncé vendredi auprès de l'AFP son avocat, Me Jacques-Antoine Preziosi, précisant que le certificat médical initial du jeune homme faisait état de 60 jours d'ITT.

Immédiatement opéré en neuro-chirurgie et désormais porteur d'un casque, après qu'une partie de l'os crânien lui a été enlevé, il a pu rentrer chez lui jeudi après avoir été de nouveau opéré, d'une fracture de la mâchoire, a ajouté Me Preziosi.

Selon l'avocat, Hedi, qui travaille dans la restauration à Meyrargues, à une quarantaine de kilomètres de Marseille, pourrait aussi avoir perdu son œil gauche.

"Une haie de soutien"

L'inculpation des quatre policiers, mais surtout le placement en détention provisoire de l'un d'eux, a suscité l'ire des syndicats: "La détention provisoire est une mesure d'exception qui s'applique autant aux citoyens qu'aux policiers", ont fustigé Alliance et l'Unsa dans un communiqué commun. "C'est une mesure dont le caractère exceptionnel doit également s'appliquer aux policiers", a renchéri le syndicat des commissaires de police.

"Une enquête va se faire. S'ils ont fauté, ils seront sanctionnés. Mais la détention provisoire, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", a ajouté auprès de l'AFP Rudy Manna, du syndicat Alliance, évoquant des "collègues désespérés" et "plusieurs dizaines" de policiers marseillais "en arrêt-maladie ou en burn out".

Selon Rudy Manna, jusqu'à 250 policiers se sont rassemblés jeudi devant le palais de justice de Marseille, où leurs quatre collègues comparaissaient devant un juge jeudi soir.

Sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on voit ces policiers applaudir chaudement leur collègue emmené en voiture en détention. "C'était une haie de soutien moral, pas une haie d'honneur", a souligné le syndicaliste.

Cette manifestation a "bouleversé" Hedi, selon Me Preziosi: "Ça l'a brisé. Ces applaudissements, c'est un total non-respect de l'appareil judiciaire".

Jusqu'à présent, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, "police des polices") a indiqué s'être saisie d'au moins 21 enquêtes "de nature et de gravité très différente" sur les agissements des forces de l'ordre lors des manifestations et violences ayant suivi la mort de Nahel.

AFP